
Aloys Musoni (Rwanda, left) and Fusya Goma (Zambia, right) during a panel discussion. Picture © P. Bastiaensen (woah) 2025
Aloys Musoni (Rwanda, à gauche) et Fusya Goma (Zambie, à droite) au cours d’une table ronde. Photo © P. Bastiaensen (omsa) 2025
L’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), avec le soutien du Fonds Fleming par le biais de l’Aide Britannique, a organisé sa quatrième série de formations progressives sur la résistance aux antimicrobiens (RAM) dans l’aquaculture. Organisé à Harare, au Zimbabwe, l’atelier a réuni les points focaux nationaux sur la RAM, ainsi que les vétérinaires spécialisés dans la pêche, des pays africains anglophones.
La formation a été inaugurée par le Dr Moetapele Letshwenyo, Représentant Sous-régional pour l’Afrique australe, en compagnie de S.E. M. Davis Marapira, Vice-ministre des Terres, de l’Agriculture, de la Pêche et du Développement rural du Zimbabwe, qui a souligné l’importance de renforcer les capacités nationales pour lutter contre la RAM dans l’aquaculture.
La théorie du changement qui sous-tend la formation progressive sur la résistance aux antimicrobiens (RAM) dans l’aquaculture prévoit que les participants diffuseront les connaissances acquises auprès des experts nationaux, des agents de vulgarisation et des communautés locales, étendant ainsi l’impact de la formation au-delà des participants initiaux. De plus, la formation a facilité la création de réseaux professionnels qui continueront à collaborer après la fin du programme.
Cette formation a réuni des responsables nationaux chargés de la lutte contre la RAM et des vétérinaires spécialisés dans le domaine de la pêche issus de pays africains anglophones. Elle a constitué une plateforme précieuse pour échanger les meilleures pratiques et favoriser une compréhension commune visant à élaborer des stratégies efficaces de lutte contre la RAM dans l’aquaculture.
La réunion a réuni des équipes provenant de :
Malgré l’impact significatif de la RAM dans les environnements aquatiques et l’aquaculture, cette question ne reçoit pas suffisamment d’attention dans le plan d’action national du pays en matière de RAM. Les participants ont souligné la dynamique complexe de la RAM dans les milieux aquatiques, qui est largement influencée par les contributions de multiples secteurs. Le problème est exacerbé par l’absence d’antibiotiques enregistrés pour une utilisation en aquaculture dans ces pays, ce qui entraîne l’utilisation d’antibiotiques non autorisés et une augmentation des risques associés à la RAM.
De plus, les flux hydrodynamiques tels que les courants marins, les marées et les cours d’eau jouent un rôle essentiel dans la dissémination des bactéries résistantes et des gènes de résistance provenant de l’aquaculture et d’autres activités impliquant des effluents, ce qui complique les efforts de lutte contre la RAM. Contrairement aux écosystèmes terrestres, les milieux aquatiques assurent une connectivité continue entre les exploitations agricoles, les rivières, les lacs et les océans. Par conséquent, les bactéries résistantes et les gènes de résistance peuvent se propager rapidement dans diverses fermes ainsi que dans les populations d’animaux aquatiques sauvages, augmentant ainsi le risque de prolifération de la RAM au sein de ces écosystèmes.
Les participants ont noté que la surveillance intégrée de la RAM dans le secteur de l’aquaculture en est actuellement à ses débuts. La surveillance de la RAM dans les écosystèmes aquatiques pourrait être améliorée grâce à l’intégration de modèles hydrodynamiques permettant d’identifier les foyers de RAM. Les bactéries résistantes et les gènes de résistance peuvent se transmettre réciproquement entre les milieux aquatiques, les humains, les animaux terrestres et les écosystèmes au sens large.
Les poissons, les crevettes et les mollusques sont souvent consommés après une préparation minimale, parfois même légèrement cuits, ce qui augmente le risque de transmission zoonotique et de propagation de gènes résistants à l’homme. La RAM transcende les frontières géographiques et les juridictions ; par conséquent, la gestion de la RAM dans l’aquaculture nécessite une approche intégrée fondée sur une perspective Une Seule Santé ou « One Health »
L’administration appropriée des antibiotiques est devenue un sujet de préoccupation majeur en raison de l’absence de directives adéquates dans de nombreux pays. Les agents antimicrobiens utilisés en aquaculture sont introduits dans les écosystèmes aquatiques via la colonne d’eau et finissent dans les sédiments, où ils peuvent persister et faciliter l’émergence d’une résistance chez les micro-organismes aquatiques indigènes. Cela conduit à la présence continue de gènes de résistance au sein des populations bactériennes environnementales, qui peuvent être transférés à des agents pathogènes affectant à la fois les humains et les animaux.
Les participants ont souligné les difficultés rencontrées pour atteindre les concentrations thérapeutiques d’antibiotiques chez les animaux aquatiques d’élevage lorsqu’ils sont administrés par le biais d’aliments médicamenteux. L’un des principaux problèmes liés à cette méthode en aquaculture est que le traitement est appliqué à l’ensemble des populations, ce qui entraîne des différences de consommation entre les individus. De plus, les animaux malades consomment souvent moins d’aliments, ce qui fait baisser les niveaux d’antibiotiques en dessous des seuils thérapeutiques chez ces individus.
De telles concentrations sous-thérapeutiques présentent des risques importants en favorisant la sélection de pathogènes résistants au lieu d’éradiquer efficacement les infections. Dans les environnements stagnants ou à faible débit tels que les étangs, les lagunes et les sédiments, les antimicrobiens et les micro-organismes résistants ont tendance à s’accumuler dans les biofilms, créant ainsi des foyers de sélection de la résistance.
Les normes de l’OMSA relatives à l’utilisation des antimicrobiens (UAM) et à la résistance aux antimicrobiens (RAM) chez les animaux aquatiques ne sont pas des recommandations facultatives ni de simples lignes directrices consultatives, mais des références internationales essentielles que les Membres doivent intégrer dans leurs réglementations nationales et leurs pratiques opérationnelles. Leur adoption et leur mise en œuvre sont essentielles pour garantir une utilisation prudente des antimicrobiens et préserver la santé des animaux, des humains et des écosystèmes.
L’évaluation préalable des besoins des membres participants à l’atelier a révélé un besoin continu de formation sur la coordination Une Seule Santé en matière d’aquaculture, l’application de thérapies alternatives et les systèmes nationaux de surveillance concernant l’utilisation des antimicrobiens et la résistance aux antimicrobiens.
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Visit of an aquaculture farm. Picture © D. Tegegne (woah) 2025. Visite d'une ferme aquacole. Photo © D. Tegegne (omsa) 2025.