Togo, Sénégal

Valorisation des acquis du projet P3V : un webinaire régional pour exposer les résultats et les bonnes pratiques

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Le 28 janvier 2025, l’équipe du projet Professionnalisation des Para-professionnels Vétérinaires (P3V) a organisé un webinaire de partage d’informations et d’expériences autour des acquis du projet. Mis en œuvre par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) avec le soutien financier de l’Agence française de développement (AFD), le projet P3V a été lancé en 2020 au Sénégal, au Togo, puis plus récemment au Bénin. Son objectif principal est de renforcer l’accès des éleveurs d’Afrique francophone à des services vétérinaires de qualité, en professionnalisant les para-professionnels vétérinaires (PPV) et en consolidant les capacités des systèmes nationaux.

Ce webinaire a réuni plus de 150 participants d’Afrique francophone et d’ailleurs et a permis de :

  • Présenter les principales réalisations du projet ;
  • Échanger avec les parties prenantes sur les enjeux et les perspectives du projet.

Au-delà du partage d’expériences, le webinaire a permis aux autres pays d’Afrique francophone de comprendre les réalisations et les bonnes pratiques mises en œuvre au cours du projet, afin qu’ils puissent s’en inspirer et adapter ces approches à leurs propres réalités et priorités locales.

Professionnaliser les PPV pour des services vétérinaires plus accessibles 

Le webinaire s’est ouvert par une présentation de Dre Mariam Alhamdou, Coordinatrice technique régionale du projet P3V, qui a posé les bases en offrant une vue d’ensemble du projet.  Lancé en 2020 et financé par l’Agence française de développement (AFD), le projet Professionnalisation des Para-Professionnels Vétérinaires (P3V), le projet s’articule autour de cinq grandes composantes que sont : 

  • Composante 0 : Phase de diagnostic,
  • Composante 1 : Développement du cadre institutionnel,
  • Composante 2 : Acquisition des compétences,
  • Composante 3 : Mise en place d’un dispositif d’accompagnement à l’insertion professionnelle,
  • Composante 4 : Management du projet. 

La Dre Alhamdou a ensuite passé en revue les principales réalisations du projet notamment : 

  • Révision de 6 curricula de formation des PPV (dont 2 de niveau Bac et 4 de niveau BAC+3) dans 5 établissements partenaires au Sénégal et au Togo ;
  • Distribution d’équipements pédagogiques (kits techniques, posters, manuels) pour améliorer l’apprentissage pratique ;
  • Appui au stage de plus de 1 500 apprenants PPV, dont un tiers de femmes ;
  • Soutien à l’insertion professionnelle, via des stages encadrés, des indemnités, et l’amorce d’un dispositif de suivi des diplômés ;
  • Mise en place de cadres de concertation nationaux, pour renforcer la collaboration entre les acteurs publics et privés du secteur vétérinaire ;
  • Mise en place d’une passerelle avec un programme de formation entre formation para-professionnelle et cursus vétérinaire supérieur (notamment à l’EISMV).

Elle a également évoqué les prochaines étapes, notamment la capitalisation des résultats, le renforcement des stratégies nationales, et le déploiement des actions au Bénin, prévu pour la dernière phase du projet. 

Former pour mieux servir : les missions PVS Curricula à l’écoute du terrain 

Dans le cadre du webinaire, le Dr Laibané Dieudonné Dahourou, vétérinaire, Expert en pédagogie et ex-Assistant technique régional du projet P3V a présenté les missions PVS d’appui à la révision et au développement des curricula de formation des PPV mise en œuvre au Sénégal et au Togo. Ces missions visaient à réviser les programmes de formation des para-professionnels vétérinaires (PPV) pour mieux les adapter aux réalités de terrain et aux exigences sanitaires nationales et internationales. 

Dr Dahourou est revenu sur les étapes clés de cette démarche qui s’appuie sur les lignes directrices sur le cursus de formation des PPV ainsi que les recommandations sur les compétences des PPV toutes développées par l’OMSA notamment : 

  1. Analyse des programmes et des dispositifs de formation existantes à partir de visites de terrain et d’échanges avec les acteurs (établissements, PPV, vétérinaires, enseignants, étudiants, autorités…) ;
  2. Ateliers d’analyse technique des curricula en utilisant l’outil Curricular Alignment Matrix (CAM) de l’OMSA avec les parties prenantes, centrés sur les compétences attendues et les lignes directrices de l’OMSA pour identifier les lacunes ;
  3. Développement collaboratif de nouveaux curricula basé sur les lacunes identifiées ;
  4. Atelier de validation technique avec les parties prenantes nationales ;
  5. Validation institutionnelle finale par les établissements et les autorités nationales.

À travers les cas du Centre National de Formation des Techniciens de l’Élevage et des Industries Animales (CNFTEIA) au Sénégal, de l’Institut Supérieur des Métiers de l’Agriculture (ISMA) situé à Kara, au Togo et de l’Institut National de Formation Agricole (INFA) de Tové, au Togo, l’expert a souligné plusieurs constats, notamment un faible alignement des formations existantes, selon les établissements, avec les compétences des domaines clés notamment la santé publique vétérinaire, la biosécurité et la biosureté, la législation vétérinaire, le bien-être animal, l’approche “One Health” (Une Seule Santé).  

Il a également montré les ajustements nécessaires pour introduire de nouveaux modules et supprimer certains contenus devenus obsolètes. Il a mentionné que l’OMSA a, à partir de ces expériences au Sénégal et au Togo, développé une méthodologie PVS pilote de révision et de développement des curricula de formation des PPV. Tous les pays peuvent solliciter, à partir des délégués, des missions selon la même approche que les autres missions PVS.  

Démographie vétérinaire et maillage des services : focus sur les résultats de l’étude menée dans le cadre du projet P3V 

Au cours du webinaire, le Dr Christian Dovonou, Expert PPV de l’OMSA, a présenté les résultats d’une étude pionnière menée dans le cadre du projet P3V. Cette étude, conduite à l’échelle nationale au Sénégal et au Togo, visait à faire un état des lieux de la démographie vétérinaire et du maillage territorial des services de santé animale. 

Appuyé par des données chiffrées et des cartes de répartition, il a mis en évidence plusieurs déséquilibres structurants notamment une concentration des vétérinaires dans les zones urbaines, une couverture très limitée en milieu rural, une faible représentation des femmes (moins de 15%), et un vieillissement notable du personnel, en particulier dans le secteur privé. 

Un autre constat préoccupant a été la présence croissante d’acteurs non qualifiés, notamment dans les zones reculées, avec tous les risques que cela comporte pour la santé animale et la santé publique.  

Le Dr Dovonou a également souligné le manque d’outils adaptés de planification et les lacunes statistiques qui freinent une gestion efficace des ressources humaines vétérinaires. En réponse, il a proposé plusieurs scénarios de projection à l’horizon 2030, intégrant les besoins en personnel selon différents contextes agroécologiques et en s’appuyant sur des ratios VLU (Veterinary Livestock Units) par vétérinaire ou par PPV. Par ailleurs, il a été rappelé que ces études ont servi de fondement à l’élaboration conjointe, avec chaque pays, d’une stratégie et d’un plan d’action pour le renforcement du réseau de professionnels de la santé animale, lesquels ont été validés au niveau national. 

Cette intervention a surtout rappelé une évidence : pour garantir des services vétérinaires accessibles, équitables et efficaces, il faut d’abord évaluer les besoins et le niveau de la demande, cartographier les ressources et bâtir des stratégies à la hauteur des défis. 

Genre et santé animale : une équation encore inégalitaire 

La dernière intervention du webinaire a mis en lumière une réalité souvent reléguée au second plan qui est la place des femmes dans les métiers de la santé animale. La Dre Fatou Ka, Directrice du Centre National de Formation des Techniciens de l’Élevage et des Industries Animales (CNFTEIA) de Saint-Louis, a présenté les résultats d’une étude menée dans le cadre du projet P3V sur les inégalités de genre au sein des services vétérinaires au Sénégal. 

L’étude qui s’est appuyé sur des données issues des établissements de formation, des structures vétérinaires publiques et privées, ainsi que des associations professionnelles et d’éleveurs, a révélé une sous-représentation des femmes à tous les niveaux, notamment dans les effectifs formés, dans les postes qualifiés, et dans les instances de décision. Si des progrès sont notables avec une lente féminisation en cours, la visibilité des femmes reste limitée, et les obstacles nombreux.

La Dre Ka a évoqué sans détour les freins culturels, institutionnels et matériels rencontrés par les étudiantes et professionnelles dont les discriminations lors des stages, l’accès restreint à la formation continue, les infrastructures peu adaptées aux besoins des femmes, et le manque de modèles féminins dans les corps enseignants et les postes de direction. 

Face à ce constat, plusieurs pistes d’action ont été proposées :  

  • Développer des modules de leadership féminin,
  • Encourager le recrutement de femmes formatrices,
  • Adapter les conditions d’accueil dans les centres de formation, 
  • Sensibiliser les communautés sur le rôle essentiel que peuvent jouer les femmes dans les services vétérinaires.

Cette intervention a rappelé que la professionnalisation des PPV ne peut être pleinement réussie sans une intégration réelle et équitable des femmes, non seulement dans les formations, mais aussi dans les parcours professionnels, les fonctions d’encadrement, et les décisions stratégiques. 

Questions, réponses… et recommandations pour l’avenir 

La session de questions-réponses a été l’un des moments les plus dynamiques du webinaire. Elle a permis aux participants issus pour la plupart de pays non directement impliqués dans le projet de réagir aux présentations, d’exprimer leurs préoccupations de terrain, et de suggérer des pistes pour renforcer l’impact du projet. 

Plusieurs questions ont porté sur la création de passerelles entre la formation des PPV et celle des vétérinaires, notamment en lien avec les conditions d’admission à l’EISMV. D’autres ont soulevé des interrogations sur la supervision des PPV sur le terrain, la reconnaissance professionnelle des zootechniciens, ou encore la faible demande en service de santé animale dans certaines zones rurales, liée à un manque de confiance des communautés et à l’absence d’un cadre réglementaire clair. 

La possibilité d’implanter le projet P3V dans d’autres pays, comme la Guinée, la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso, a également été évoquée. Plusieurs participants ont exprimé le souhait que l’OMSA accompagne d’autres États dans des démarches similaires, soulignant que les défis en matière de professionnalisation des PPV sont partagés à l’échelle régionale. 

Au fil de ces échanges, des recommandations sont ressorties : 

  • Renforcer l’inclusion des femmes et des jeunes dans les dispositifs de formation et dans les instances de gouvernance vétérinaire.
  • Mettre à disposition les outils, supports et curricula développés dans le cadre du projet, pour permettre leur adaptation dans d’autres contextes nationaux.
  • Soutenir les pays volontaires qui souhaitent initier une démarche de professionnalisation des PPV, via un accompagnement technique contextualisé.

Téléchergez les présentations

1.Présentation du projet P3V
1.Présentation du projet P3V

PDF - 2.12MB

2.Missions PVS d’appui à la révision des curricula de formation des PPV
2.Missions PVS d’appui à la révision des curricula de formation des PPV

PDF - 1.23MB

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Remerciements

Le projet P3V est financé par l'Agence Française de Développement (AFD).

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