Tunis, Tunisie

Le programme national de lutte contre la rage animale du Ministère de l’Agriculture en Tunisie sous la loupe.

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Le programme national de lutte contre la rage animale du Ministère de l’Agriculture en Tunisie sous la loupe.

La Représentation sous-régionale de l’OIE pour l’Afrique du Nord a organisé à Tunis (Tunisie) les 25 et 26 septembre 2017 un « Atelier sur le programme national de lutte contre la rage animale du Ministère de l’Agriculture en Tunisie : remontée des équipes de terrain, état des lieux et voies d’amélioration » en collaboration avec les Services vétérinaires tunisiens (Direction Générale des Services Vétérinaires).

Cet atelier, financé par l’Union Européenne, représentée par la Commission Européenne et le Parlement Européen, dans le cadre du projet de Renforcement des Services Vétérinaires dans les Pays en Voie de Développement (SVSDC), était destiné aux agents des services déconcentrés du Ministère de l’Agriculture impliqués dans la lutte contre la rage.

Le Ministre tunisien de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, M. Samir Taïeb, a inauguré cet atelier en présence du Dr. Malek Zrelli, Chef des services vétérinaires tunisiens, et du Dr. Rachid Bouguedour, Représentant sous-régional de l’OIE pour l’Afrique du Nord. Ce dernier a salué l’amélioration de la situation observée ces dernières années – aucun cas de rage humaine à ce jour en 2017 – mais a jugé inacceptable qu’il y ait encore des morts humaines dues à la rage en Tunisie.

Il a ensuite présenté les grandes axes prioritaires sur lesquels sera basée la future stratégie de lutte contre la rage animale – dans le but d’éliminer la rage humaine – à savoir :

 

  • améliorer la vaccination, en incluant notamment les chiens à risque dans les campagnes annuelles ;
  • mieux gérer les foyers et la surveillance sanitaire de la maladie ;
  • adapter la réglementation ;
  • engager une formation et une communication efficaces à destination de tous les acteurs concernés.

 

Cet atelier avait pour but de réunir les agents de terrain impliqués dans la lutte contre la rage en Tunisie pour faire un état des lieux de la stratégie actuelle et envisager des voies d’amélioration à mettre en œuvre dans les prochaines années à partir des remontées des équipes de terrain.

Au total, cet atelier a réuni environ 70 participants, appartenant majoritairement aux services vétérinaires tunisiens déconcentrés (CRDA) et au niveau central (DGSV), ainsi que des agents de différents organismes dépendant du Ministère de l’Agriculture : CNVZ, IRVT, Ordre des Vétérinaires, etc., ainsi que des vétérinaires praticiens et des étudiants vétérinaires.

L’atelier était animé par le Dr. Kaouther Oukaili, Chargée du programme rage au sein du Ministère de l’Agriculture tunisien, aidée de plusieurs agents de la DGSV, ainsi que d’experts de la rage, Dre. Florence Cliquet (Chef de l’Unité Lyssa-virus du Laboratoire ANSES de la rage et de la faune sauvage de Nancy) et de la communication, Dre. Catherine Bertrand-Ferrandis (Chef de l’Unité communication de l’OIE) et Mme Valérie Vouligny (Directrice conseil de l’agence de communication Life AH).

En préambule, le Dr. Kaouther Oukaili a présenté un état des lieux de la situation en Tunisie concernant la situation épidémiologique de la rage animale et les modalités de lutte contre la maladie.

La Dre. Florence Cliquet a présenté les modalités de mise en place d’une stratégie de lutte contre la rage. Elle a illustré sa présentation d’exemples réussis mis en œuvre dans plusieurs pays. Elle a souligné l’intérêt de démarrer dans une zone pilote avant de l’étendre par la suite à l’ensemble du pays. Elle a enfin souligné l’importance du monitoring post-vaccinal qui doit être mis en place – selon un plan d’échantillonnage – 4 à 5 semaines après la campagne de vaccination. Cette étape cruciale permet de recueillir des informations concernant la qualité de la vaccination (importance de l’acte vaccinal, de la conservation des vaccins, du respect de la chaîne du froid…), le taux de couverture vaccinale (cohérence du maillage géographique…), le recensement des chiens (nombre, types de chiens…). Elle a souligné l’importance de former les agents de terrain à la capture des chiens difficiles – qui sont des « chiens à risque » dans le cycle de transmission de la rage – afin de les inclure dans le programme de vaccination.

La Dre. Catherine Bertrand-Ferrandis, après avoir introduit le concept « Une Seule Santé » qui a été développé à la suite de la crise de la grippe aviaire afin d’éviter les possibilités de contaminations humaines à partir d’animaux malades – cette maladie ayant fait plusieurs centaines de morts humaines dans le monde, alors que la rage tue près de 70.000 personnes chaque année dans le monde, majoritairement en Asie et en Afrique – a présenté la stratégie mondiale de lutte contre la rage qui a été présentée lors de la Conférence mondiale de Genève en décembre 2015 et dont l’objectif est l’éradication de la rage humaine en agissant sur le chien. La vaccination de masse des chiens généralisée – facilitée par l’utilisation des banques régionales de vaccins de l’OIE – devrait permettre d’atteindre l’objectif fixé par cette stratégie globale : zéro mort humaine en 2030.

En complément, Mme Valérie Vouligny a souligné l’importance de la communication sur la thématique de la rage qui concerne de nombreux acteurs très différents les uns des autres. Elle a notamment insisté sur le fait qu’il était crucial de bien définir le message en fonction du public ciblé. En résumé, les 7 points majeurs (les 7 « C ») à avoir en tête concernant la communication sont :

 

  •  Capter l’attention ;
  •  Clarifier le message ;
  •  Communiquer les bénéfices ;
  •  Compter sur la cohérence ;
  •  Considérer le cœur et l’esprit ;
  •  Créer la confiance ;
  •  Canaliser vers l’action.

 

De façon à illustrer que la stratégie validée au niveau mondial est efficace, le Dr. Jocelyn Merot a présenté plusieurs actions menées dans différents pays ou villes qui ont mené à une diminution importante du nombre de cas de rage, voire à l’élimination de la maladie. Plusieurs « success stories » ont été citées : l’exemple de Zanzibar, de la Namibie, du Kenya, de la ville de Mexico City, de Lima au Pérou, de l’Indonésie, des Philippines… Il a souligné la nécessaire collaboration de tous les acteurs concernés et du travail en équipes sur le terrain pour arriver au succès, ainsi que l’importance d’intégrer dans le programme de vaccination de masse les « chiens à risque » (les chiens difficiles qui échappent aujourd’hui aux équipes en charge de la mise en œuvre des programmes annuels de vaccination), d’où l’intérêt de former les agents concernés aux techniques de capture. L’exemple de la collaboration entre les services vétérinaires et les services municipaux à Tunis est un exemple à suivre de façon à améliorer la prise en charge des chiens difficiles (chiens errants, chiens semi-errants, chiens à propriétaires trop agressifs pour être approchés…) et à mieux contrôler la population de chiens errants en associant un programme de stérilisation et d’euthanasie à la vaccination antirabique. En conclusion, le Dr. Jocelyn Merot espère que l’exemple de la Tunisie sera très prochainement inclus dans les « success stories ».

La Dre. Soumaya Ben Chehida a présenté l’action de la Direction de la protection de l’environnement urbain de la Municipalité de Tunis dans la gestion des chiens errants et a notamment souligné les progrès réalisés depuis la participation de ses agents à l’Atelier d’apprentissage de capture et de marquage des chiens difficiles organisé par la Représentation sous-régionale de l’OIE pour l’Afrique du Nord en collaboration avec la Municipalité de Tunis et les Services vétérinaires tunisiens (DGSV) à Tunis (Tunisie) en mai 2017. Elle a également salué la participation d’internes vétérinaires depuis début septembre dans le cadre d’une convention avec l’Ecole Nationale de Médecine Vétérinaire de Sidi Thabet (ENMV).

Au travers d’exercices pratiques par groupes, les participants ont travaillé dès le premier jour de l’atelier sur les 4 axes prioritaires retenus (voir ci-dessus) en vue d’améliorer la stratégie de lutte contre la rage, à savoir :

 

  • améliorer la vaccination, en incluant notamment les chiens à risque dans les campagnes annuelles ;
  • mieux gérer les foyers et la surveillance sanitaire de la maladie ;
  • adapter la réglementation ;
  • engager une formation et une communication efficaces à destination de tous les acteurs concernés.

 

La discussion a été très constructive tout au long des deux journées de travail et a porté sur de nombreuses thématiques comme, à titre d’exemples, les points suivants :

 

  • les modalités de marquage des chiens vaccinés,
  • la distinction des chiens en fonction du risque de transmission de la rage,
  • la période de vaccination,
  • les modalités de suivi de la chaîne du froid pour la conservation des vaccins,
  • la mise à niveau des laboratoires,
  • les modalités de révision de la réglementation,
  • la sécurité des agents vaccinateurs, des agents qui prélèvent les têtes de chiens suspects, des prélèvements acheminés au laboratoire, et<
  • l’amélioration de la transmission des résultats d’analyses…

 

Lors de la deuxième journée de l’atelier, les participants ont également travaillé par groupes sur des exercices de mise en situation pour s’approprier certains outils de communication présentés la veille :

 

  • Quel est le point que vous souhaitez voir changer ?
  • Quel est le message que vous souhaitez faire passer à tel ou tel public cible ?
  • Comment vous adresseriez-vous à un décideur politique pour lui demander de soutenir les actions visant à lutter contre la rage ?

 

L’atelier a été conclu par le Dr. Kaouther Oukaili qui a présenté une ébauche de recommandations et d’axes d’amélioration pour la future stratégie de lutte contre la rage.

Un groupe de travail va, à court terme, rédiger un document final dont une synthèse sera présentée au Ministre de l’Agriculture en vue de débloquer le budget nécessaire à la mise en œuvre d’un plan d’actions efficace pour lutter contre la rage et maintenir à zéro le nombre de cas humains.

Crédit photos© Aziza Bencherifa (IVSA) 2017, sauf mentions contraires.

CONTEXTE

La rage est une zoonose répandue, négligée et sous-déclarée avec un taux de mortalité de pratiquement 100% chez les animaux et les humains. Cette maladie demeure endémique en Afrique du Nord où la quasi-totalité des cas humains sont dus à des morsures de chiens enragés. Par conséquent, contrôler la maladie chez le chien, apparaît comme le meilleur moyen d’éviter la rage chez l’homme.

 

Conformément aux conclusions de la Conférence mondiale sur « L’élimination mondiale de la rage humaine transmise par les chiens – Agissons maintenant ! » qui s’est tenue les 10 et 11 décembre 2015 à Genève (Suisse) et la résolution n°26 sur la rage intitulée « L’élimination mondiale de la rage transmise par les chiens » adoptée par l’Assemblée mondiale des délégués de l’OIE lors de sa 84ème Session Générale qui a lieu du 22 au 27 mai 2016 à Paris (France), l’OIE poursuit son engagement dans la lutte contre la rage au niveau mondial, à travers notamment : a) l’adoption et la mise à jour des normes internationales relatives à la prévention et au contrôle de la rage ; b) la mise en œuvre de formations destinées aux points focaux nationaux de l’OIE pour la notification des maladies animales / la faune / la communication de façon à améliorer leurs connaissances sur la rage et d’adapter les remontées d’informations sur la maladie la communication dans leurs pays respectifs ; c) le développement de jumelages entre laboratoires de l’OIE visant à améliorer la capacité et l’accès des pays membres au diagnostic et à l’expertise scientifique sur la rage ; d) la contribution des Laboratoires de Référence de l’OIE au développement de tests et méthodes de contrôle sûrs et efficaces ; et (e) la promotion et l’utilisation des banques régionales de vaccins pour la vaccination des chiens.

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