L’engagement communautaire est essentiel dans les programmes de lutte contre la rage afin de favoriser l’engagement des communautés et le soutien aux interventions du gouvernement. Il permet d’identifier les points chauds (hot-spots) de la rage, de hiérarchiser les interventions, d’améliorer les compréhensions de la population canine et l’enregistrement des chiens, et de soutenir les campagnes de vaccination des chiens afin d’obtenir une couverture vaccinale élevée. L’engagement communautaire renforce également la surveillance de la rage et les systèmes de notification aux autorités locales et nationales, et favorise l’appropriation des programmes par les communautés. En outre, il sensibilise le public à la rage, encourage la déclaration et la riposte précoce aux cas de morsures d’animaux et fournit une réponse rapide aux morsures de chiens, évitant ainsi les décès humains dus à la rage.
Des programmes communautaires de surveillance de la rage ont notamment été menés avec succès dans des zones rurales d’Afrique, d’Asie et aussi en Haïti et ont permis d’identifier d’autres expositions à la rage et d’autres victimes de morsures, de les orienter vers des soins médicaux appropriés et d’éviter ainsi d’éventuels décès dus à la rage chez l’homme. La lutte en cours pour éliminer la rage transmise par les chiens d’ici 2030 bénéficierait considérablement d’une participation plus active des communautés aux efforts de surveillance, de prévention et de lutte. Investir dans la lutte contre la rage au niveau communautaire permettra de sauver des vies et de renforcer un système de santé résilient, fondé sur l’approche « Une Seule Santé » (One Health) et capable de faire face à d’autres menaces sanitaires à l’interface entre l’animal, l’homme et l’environnement, y compris les pandémies.
Community members during the meeting. Picture (c) T. Tenzin (woah) 2024. Membres de la communauté pendant la réunion. Photo (c) T. Tenzin (omsa) 2024.
En Namibie, la rage transmise par les chiens est endémique dans les zones communautaires du nord (Northern Communal Areas ou NCA), avec environ 242 décès dus à la rage humaine au cours des deux dernières décennies. Conformément au concept « One Health », le Gouvernement namibien a adopté en 2015 une stratégie nationale de lutte contre la rage, visant à éliminer les décès dus à la rage humaine transmise par les chiens d’ici à 2030.
Avec le soutien financier et technique du Gouvernement allemand et de l’OMSA, un programme d’élimination de la rage canine a été lancé dans la région d’Oshana en 2016 et a ensuite été étendu aux huit régions de la NCA en 2017, franchissant des étapes importantes malgré les difficultés. L’engagement communautaire et les efforts de sensibilisation du public ont contribué à la vaccination des chiens contre la rage, réduisant les décès dus à la rage humaine de 23 cas en 2015 à 3 en 2023.
Afin de renforcer l’engagement des communautés dans la lutte contre la rage dans la NCA, des réunions consultatives ont été organisées du 7 au 14 mai 2024 à Oshana et du 28 au 30 août 2024 à Omusati, impliquant 165 leaders communautaires des régions d’Oshana et 285 de la région d’Omusati. Ces réunions, menées par la Direction des services vétérinaires (DSV) avec le soutien financier et technique de l’OMSA, se sont concentrées sur les objectifs suivants :
Discussion on rabies with the community leaders. Picture (c) T. Tenzin (woah) 2024. Discussion sur la rage avec les leaders de la communauté. Photo (c) T. Tenzin (omsa) 2024...
Les dirigeants communautaires ont été sensibilisés à la rage, à l’importance de la vaccination des chiens et des chats pour interrompre la chaîne de transmission de la rage, à la possession responsable d’animaux de compagnie, aux soins appropriés à apporter aux plaies après une morsure de chien et à la nécessité d’une prise en charge médicale rapide après une morsure d’animal.
L’accent a été mis sur la surveillance de la rage, en encourageant les membres de la communauté à soumettre les carcasses ou les têtes d’animaux suspectés de rage aux dispensaires vétérinaires pour des tests de laboratoire et à signaler tout incident de rage pour enquête et contrôle. Les discussions ont porté sur l’augmentation des postes de vaccination dans les villages, la poursuite de la sensibilisation dans les écoles et les communautés, et le soutien des chefs des communautés lors des campagnes de vaccination massive des chiens.
Participants pose for a group photo. Picture © T. Tenzin (woah) 2024. Les participants posent pour une photo de groupe. Photo © T. Tenzin (omsa) 2024
Certains chefs de village ont accepté de créer des comités au sein de leur communauté pour faciliter les activités de contrôle de la rage et veiller à ce que tous les chiens soient vaccinés lors de chaque campagne. Les animateurs ont également abordé les mythes et la désinformation sur la rage, en répondant à toutes les questions soulevées par les participants.
Malgré les difficultés d’organisation de l’événement, il est encourageant de voir les chefs de village et les dirigeants communautaires s’intéresser activement au soutien du programme d’élimination de la rage dans leurs communautés. Un programme d’engagement communautaire similaire sera mené dans les autres régions de la NCA, en Namibie, en 2025, dans le cadre du projet BMZ OHRT, administré par OMSA.