Paris, France

Au vu d’événements récents, l’OIE souligne ses activités visant à protéger la santé et le bien-être des ânes

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Ces dernières années, la demande en produits asiniens divers s’est accrue rapidement, avec un intérêt particulier pour les produits de luxe à base de peaux d’ânes. Pour répondre à cette demande, le commerce légal et illégal de ces produits a récemment augmenté, ce qui a eu des effets majeurs sur la subsistance, la santé et le bien-être des populations d’ânes et sur l’environnement au plan mondial.

Donkey

Crédit photo(c) T. Hunt (oie) 2012.

 

Socialement et culturellement, le rôle de l’âne varie radicalement selon le type de communauté au sein de laquelle il vit et travaille, contribuant au développement socio-économique de cette communauté à de nombreux égards. Dans un grand nombre de pays, les ânes sont utilisés pour la traction, y compris le transport, contribuant à la subsistance des ménages et bénéficiant à l’ensemble de la communauté. Ils peuvent servir de façon directe ou indirecte à des opérations de production ou à des activités commerciales.

Typiquement, ces animaux contribuent à la production agricole et à la sécurité alimentaire en transportant entre autres l’eau et le fourrage destinés au bétail, le bois de chauffage et les autres produits quotidiennement nécessaires aux familles, et en apportant les produits agricoles aux marchés. Comme d’autres équidés, ils fournissent de la traction animale nécessaire aux travaux agricoles et au transport, et ils peuvent participer à la fertilisation des sols et fournir du lait, de la viande et des peaux que leurs propriétaires utilisent eux-mêmes ou bien commercialisent pour en tirer un revenu.

Ces dernières années, la demande en produits asiniens divers s’est accrue rapidement, avec un intérêt particulier pour les produits de luxe à base de peaux d’ânes. Pour répondre à cette demande, le commerce légal et illégal de ces produits a récemment augmenté, ce qui a eu des effets majeurs sur la subsistance, la santé et le bien-être des populations d’ânes et sur l’environnement au plan mondial :

  • Les communautés dont la subsistance dépend de ces animaux pourraient perdre cette précieuse contribution, mentionnée ci-dessus, soit par le choix qu’elles font de vendre leurs ânes pour l’abattage, ou en raison du vol de leurs animaux, une conséquence de l’émergence rapide du marché des produits fabriqués à base de peaux d’âne.
  • Lorsque les échanges commerciaux de ces animaux et de leurs produits au niveau mondial ne respectent pas les normes internationales, des maladies animales peuvent facilement se propager dans de nouvelles régions, et par conséquent affecter la santé animale dans son ensemble.
  • Il est souvent constaté que les conditions de bien-être de ces équidés pendant le transport et l’abattage, qu’ils soient autorisés par la loi ou non, sont très mauvaises, provoquant des inquiétudes dans le monde entier.
  • Pratiqué dans le contexte du commerce illégal, l’abattage des ânes ne satisfait pas les normes de bien-être animal et peut, de plus, devenir une source de contamination lorsque les carcasses sont laissées à se décomposer en plein air, ce qui est nuisible à l’environnement et à la santé publique.

Pour toutes ces raisons, la population mondiale d’ânes est actuellement à risque, en particulier en Afrique où ces animaux sont devenus la cible principale du commerce des peaux.

Dans le cadre de son mandat, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) élabore des normes internationales visant à améliorer la santé et le bien-être animal dans le monde. Ces normes sont créées par l’intermédiaire d’un processus réactif, scientifique et transparent (en savoir plus sur le processus d’établissement des normes – en Anglais), et publiées dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OIE après leur adoption par les 182 Pays-membres.

Une section entière (la section 7) contient des normes de bien-être animal et certaines d’entre elles sont consacrées au bien-être animal pendant le transport (par voie maritime, terrestre ou aérien) et l’abattage des animaux. En devenant Membre de l’OIE, les pays s’engagent à appliquer ces normes et à les intégrer dans leur législation nationale à des fins de protection de la santé et du bien-être des animaux, dont les ânes dans le cas présent.

Un chapitre consacré au Bien-être des Équidés de travail a été adopté par les Pays-membres de l’OIE en 2016, complétant ainsi un large éventail de normes relatives au bien-être des animaux terrestres. Il s’applique aux équidés, dont les ânes, qui sont utilisés ou destinés à être utilisés pour la traction animale, dont le transport ou toute autre activité rémunératrice, y compris la réforme des animaux. Bien qu’elles n’aient pas été spécifiquement élaborées pour les équidés destinés à la production de viande ou d’autres produits, nombre d’entre elles peuvent être appliquées pour améliorer la gestion des conditions de vie de ces animaux, le traitement de leurs maladies et de leurs blessures.

Afin d’apporter un meilleur soutien aux Services vétérinaires dans la mise en œuvre des normes internationales de l’OIE, plusieurs actions ont été menées par l’Organisation, fondées sur de la Stratégie mondiale de l’OIE en faveur du bien-être animal .

Par l’intermédiaire de ses Représentations régionales, l’OIE a soutenu l’élaboration de Stratégies régionales pour le bien-être animal et de plateformes y relatives, qui constituent un moyen de fournir un cadre opérationnel et des lignes directrices aux pays, à travers le développement de plans d’action convenus. Ces stratégies varient d’une région à l’autre, s’adaptant aux spécificités des situations régionales. Plusieurs activités de renforcement des capacités ont également été organisées dans les régions Moyen-Orient, Europe, Asie-Pacifique, afin de « former les formateurs », favorisant ainsi la mise en œuvre dans les pays de bonnes pratiques de bien-être animal tout au long du transport, des opérations préalables à l’abattage et de l’abattage même en conformité avec les normes de l’OIE.

Quant au cas particulier de l’Afrique, la Stratégie pour le bien-être animal en Afrique (SBEA) a été élaborée en 2017 par le Bureau interafricain des ressources animales de l’Union africaine (UA-BIRA) avec la participation de l’OIE en sa qualité de membre du groupe directeur et à travers une approche consultative et participative impliquant les Pays-membres, les Communautés économiques régionales, ainsi que les principales organisations de protection des animaux sur le continent et dans le monde. Cette approche a permis l’examen du statut du bien-être animal sur le continent, l’identification des principales problématiques rencontrées à ce sujet, et la définition de priorités et de domaines d’intervention à prendre en considération. Cette stratégie vise à transformer le secteur des ressources animales par l’adoption de bonnes pratiques de bien-être animal, couvrant ainsi l’ensemble des contraintes au bien-être animal. Afin de guider la mise en œuvre de cette Stratégie et garantir la réalisation de ses objectifs, une Plateforme africaine pour le bien-être des animaux  a aussi été mise en place, regroupant les différentes parties prenantes régionales impliquées dans ce domaine. Cette Plateforme travaille en synergie, sur la base de programmes régionaux convenus en soutien au plan d’action qui sera mis en œuvre sur quatre ans (2018-2021).

Dans la Stratégie, l’on évoque que la mauvaise compréhension du bien-être animal par les acteurs de la filière, des pratiques d’élevage inappropriées et l’inadéquation de la mise en application, de l’exécution, du suivi et de l’évaluation des interventions en faveur du bien-être animal constituent une partie des problèmes majeurs rencontrés dans cette région en raison du défaut de connaissances nécessaires dans ce domaine (d’autres problèmes sont listés ici). Par conséquent, un des objectifs fixés est de parvenir au changement des comportements, d’éduquer, d’informer, de promouvoir la sensibilisation, le plaidoyer et les bonnes pratiques alignées aux normes de l’OIE.

Consciente de l’importance des activités de renforcement des capacités pour atteindre cet objectif, l’OIE a, en 2018, organisé un « Séminaire régional des Points focaux nationaux de l’OIE pour le bien-être animal » au Lesotho, où la Stratégie et son plan d’action ont été présentés.  De plus, lors de cet atelier, dans le cadre d’une lettre d’intention signée avec la Coalition internationale pour les équidés de travail1 (ICWE), une journée a été spécifiquement réservée au bien-être des équidés. Des informations supplémentaires sur les résultats de cet atelier sont disponibles ici. L’ICWE soutient aussi la création d’une série de vidéos pédagogiques comportant des séquences filmés pendant son travail sur le terrain, à l’usage des Chefs des Services vétérinaires et des Points focaux de l’OIE pour le bien-être animal, afin de les aider à mettre en œuvre les normes de l’OIE sur le bien-être animal (regarder les vidéos de cette liste de lecture – en Anglais).

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Crédit photo (c) E. Musyime (oie) 2015.

Toutes ces activités, et d’autres encore, sont élaborées dans le cadre de la Stratégie mondiale de l’OIE en faveur du bien-être animal, adoptée en 2017 par ses Pays-membres dans l’optique d’un monde où le bien-être animal est respecté, promu et renforcé, contribuant  à la réalisation d’une meilleure santé animale, du bien-être de l’homme, du développement socio-économique et de la durabilité environnementale.

Prenant la mesure de l’impact et des conséquences de l’augmentation de la demande et des échanges commerciaux mondiaux des ânes et leurs produits, l’OIE encourage ses Membres à mettre en œuvre ses normes internationales, afin non seulement de protéger la santé et le bien-être de ces animaux, mais également de préserver les moyens de subsistance des communautés qui en dépendent.

Stratégie pour le bien-être animal en Afrique

Animal Welfare Strategy for Africa - African Union (2017)
Animal Welfare Strategy for Africa - African Union (2017)

PDF - 2.35MB

Liens utiles

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Lecture recommandée
TAHC (2019)

Code sanitaire pour les animaux terrestres de l'OIE, section 7

Lecture recommandée

Les chevaux et les ânes de travail en vedette lors de la 2ème formation de points focaux pour le bien-être animal au Lesotho

12/10/2018
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