La jeunesse sur les barricades pour façonner l'avenir des personnels vétérinaires en Afrique

Lors de la Conférence continentale africaine 2024, dont le thème était « Vers une main-d’œuvre vétérinaire plus résiliente pour l’Afrique », un message a été clairement exprimé : l’avenir des services vétérinaires ne peut se construire sans la participation des jeunes.

Lors de cette Conférence continentale africaine en 2024, l’OMSA a lancé sa première initiative visant à impliquer directement les jeunes. Cette initiative a réuni 80 jeunes issus de plus de 16 pays africains afin d’explorer l’avenir de la démographie et des effectifs vétérinaires à l’aide de méthodologies prospectives et prévisionnelles. Grâce à ces méthodologies participatives, ces jeunes leaders ne se sont pas contentés de pointer du doigt les problèmes, ils ont également imaginé des solutions.

Il ne s’agissait pas seulement d’un atelier, mais d’une exploration dynamique de ce que l’avenir pourrait réserver. À l’aide de « méthodologies prospectives et prévisionnelles » – des outils permettant d’imaginer et de façonner l’avenir –, ces jeunes esprits se sont penchés sur les défis et les opportunités liés à la profession qu’ils ont choisie.

Ce qui est ressorti de ces conversations était très fort. Les jeunes ne se contentent pas de pointer du doigt les problèmes, ils élaborent des solutions. Ils regardent vers l’avenir, anticipent les changements à venir et exigent d’avoir leur place à la table des discussions.

Des voix à une vision : ce que veulent les jeunes

Au cœur des conclusions de ladite Conférence figurait une recommandation audacieuse et ambitieuse : les perspectives des jeunes doivent être au centre de la planification et de la prise de décision en matière de démographie et d’effectifs vétérinaires. Les participants, représentant un mélange diversifié de jeunes vétérinaires, de paraprofessionnels vétérinaires, d’étudiants et d’entrepreneurs, ont mis en évidence un large éventail de défis, allant de l’accès à l’enseignement et de la sous-représentation au manque de financement et de mentorat. Mais surtout, ils ont partagé des solutions innovantes et un engagement clair à faire progresser la profession.

Et le résultat ? Les voix des jeunes n’ont pas seulement été entendues, elles ont été intégrées dans les recommandations mêmes de la Conférence. Il ne s’agissait pas seulement d’idéaux nobles, mais d’appels concrets à l’action :

Recommandations clés pour l’inclusion des jeunes

La Conférence Afrique 2024 a identifié les perspectives des jeunes dans la planification de la main-d’œuvre comme l’une des dix recommandations adressées à ses Membres. Ces recommandations soulignent l’importance de :

• Planification inclusive de la main-d’œuvre : mettre en place des mécanismes formels pour intégrer la voix des jeunes dans l’élaboration des stratégies, la conception des programmes d’enseignement et les réformes de l’emploi dans les services vétérinaires.
• Accès à l’enseignement et aux opportunités : veiller à ce que l’enseignement vétérinaire soit abordable et adapté aux aspirations et à la réalité des jeunes Africain(e)s, notamment en réformant les programmes d’études en collaboration avec les étudiants eux-mêmes.
• Rémunération équitable et dignité du travail : demander une révision régulière des salaires et une rémunération équitable pour tous les cadres de la profession vétérinaire, une mesure nécessaire pour retenir les jeunes professionnels.
• Soutien aux entreprises dirigées par des jeunes et des femmes : créer un écosystème favorable, comprenant l’accès au financement, au mentorat, au soutien aux entreprises et aux liens avec les marchés, qui permette aux jeunes et aux femmes de jouer un rôle de premier plan dans le secteur de la santé animale.
• Diversité et représentation : promouvoir des politiques qui encouragent la participation des jeunes, des femmes, des personnes handicapées et des minorités ethniques, afin de garantir une main-d’œuvre qui reflète la diversité de l’Afrique.
• Apprentissage intergénérationnel : créer des plateformes permettant aux jeunes professionnels et aux professionnels chevronnés d’échanger leurs connaissances, en favorisant le respect mutuel, la croissance et l’innovation.
• Collaboration mondiale-locale : encourager les partenariats entre les établissements d’enseignement vétérinaire (EEV) locaux et internationaux afin de permettre l’apprentissage interculturel, l’innovation et le partage d’expériences.
• Suivi continu : mettre en place des systèmes permettant de suivre le succès et la durabilité des entreprises dirigées par des jeunes, soutenus par des cadres politiques favorables qui réduisent les obstacles à l’entrée dans la chaîne de valeur de la santé animale.

Pourquoi est-ce important aujourd’hui ?

L’Afrique possède la population la plus jeune au monde. L’avenir des services vétérinaires, essentiels à la sécurité alimentaire, à la santé publique et à la croissance économique, dépend de la préparation et de l’autonomisation de cette génération. Pourtant, de nombreux jeunes Africain(e)s sont encore confrontés à des obstacles systémiques qui les empêchent d’accéder à l’enseignement, à l’emploi et aux opportunités entrepreneuriales dans le domaine de la santé animale.

Cette initiative de l’OMSA et de ses partenaires n’est donc pas seulement opportune, elle est aussi source de transformation.

La Conférence Afrique 2024 a été plus qu’une simple tribune. Elle a marqué un tournant dans la manière dont les institutions abordent le développement de la main-d’œuvre : passer de l’action pour les jeunes à l’action avec les jeunes.