La vaccination orale antirabique des chiens a été réalisée avec succès dans la région du Zambèze en Namibie.

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This is a map of Zambezi region spotlighting human settlement locations divided into different vaccination zones (top) and bottom map, depicts the distribution of individually vaccinated dogs (points) during the ORV campaign.

Carte de la région du Zambèze qui met en évidence les lieux d’habitation humaine divisés en différentes zones de vaccination (en haut) et carte du bas montrant la distribution des chiens vaccinés individuellement (points) pendant la campagne de vaccination orale.

 

La rage canine constitue une menace importante pour la santé publique dans les zones communales du nord de la Namibie, qui comprennent huit régions : Oshana, Oshikoto, Omusati, Ohangwena, Kunene, Kavango Est, Kavango Ouest et Zambèze.

En 2015, dans le cadre du concept “One Health”, le gouvernement namibien avait adopté une stratégie nationale de lutte contre la rage, visant à contribuer à l’objectif mondial de mettre fin aux décès dus à la rage humaine causée par les chiens d’ici à 2030. Un élément clé de cette stratégie était la mise en œuvre d’un programme d’élimination de la rage canine dans les zones communales du nord. La zone de mise en œuvre couvre environ 263 376 km² et 75 circonscriptions, avec environ 1,7 million d’habitants et un nombre de chiens estimé à 272 000.

Après une phase pilote dans la région d’Oshana en 2016, les vaccinations de masse des chiens ont été étendues à l’ensemble des zones communales du nord comprenant les régions d’Oshikoto, Omusati, Ohangwena, Kunene, Kavango East, Kavango West et Zambezi (Zambèze), dans le but d’établir des campagnes de vaccination bien gérées sur une base annuelle et donc une couverture vaccinale élevée dans les populations canines.

L’approche de vaccination de masse est la pierre angulaire de la lutte contre, et de l’élimination éventuelle de la maladie. Cependant, la vaccination des chiens qui sont difficiles à atteindre, souvent en divagation, est un défi et représente l’un des obstacles à l’obtention de l’immunité collective nécessaire pour stopper la propagation du virus. Bien que plus de 90 % des chiens détenus dans zones communales du nord soient en liberté, ils sont néanmoins accessibles pour la vaccination; certains toutefois sont difficiles (agressifs) à manipuler pour les propriétaires et à présenter aux points de vaccination.

Un nouvel outil est l’application de la vaccination orale contre la rage, une méthode qui a été utilisée avec succès en Europe et en Amérique du Nord pour contrôler la rage transmise par les animaux sauvages, et qui est promue par la OMSA, l’OMS et la FAO. Dans cette optique, un guide et des recommandations pour l’application sur le terrain de la vaccination orale et son intégration dans les programmes de contrôle de la rage chez les chiens seront publiés (en Anglais) par la FAO, l’OMS et l’OMSA en 2023.

L’immunogénicité de la vaccination orale chez les chiens en Namibie, une étude impliquant l’Université de Namibie (UNAM), le Central Veterinary Laboratory (CVL, Windhoek, Namibie) et l’Insitut Friedrich-Loeffler (FLI), en Allemagne, a démontré qu’un chien peut être immunisé avec succès avec un seul appât vaccinal.

Nous sommes ici à la pointe de la recherche sur le terrain pour mettre en œuvre ce nouvel outil en Afrique et ailleurs. Nous sommes convaincus que cette méthode peut grandement contribuer à l'objectif mondial de mettre fin à la rage humaine transmise par les chiens d'ici 2030.

Le Dr. Thomas Müller, FLI.

En conséquence, la DSV en Namibie, en collaboration avec l’Institut Friedrich-Loeffler (Allemagne), a mené un essai pilote sur le terrain dans les régions d’Oshana et d’Omusati, dans le nord de la Namibie, en 2020, grâce à des fonds du Programme mondial de protection de la santé (Global Health Protection Programme ou GHPP) du Ministère allemand de la Santé.

L’Institut Friedrich-Loeffler est l’institut fédéral allemand de recherche en santé animale. Il sert de Laboratoire de Référence de l’OMSA pour la rage et est également le Centre Collaborateur de l’OMS pour la surveillance et la recherche sur la rage.

Un essai de suivi sur le terrain a été mené dans la région du Zambèze en Namibie en 2022 sous la direction de la FLI, et a été financé par l’OMSA avec des fonds du Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ, Projet OHRT).

La région du Zambèze dans les zones communales du nord de la Namibie couvre une superficie de 14 785 km² et est principalement constituée de marécages, de plaines inondables, de zones humides et de forêts. Cette région, plutôt isolée sur le plan épidémiologique, est un candidat idéal pour l’élimination durable de la rage transmise par les chiens. Avec une population humaine estimée à environ 142 000 personnes et une population canine de 18 000 chiens, il semble possible d’atteindre une couverture vaccinale de 70 %. Cependant, aucune vaccination à grande échelle n’avait été réalisé avant 2022, et des cas de rage chez l’homme ont donné lieu à une intervention d’urgence utilisant uniquement la vaccination orale des chiens. Au cours de cet essai initial, avec quatre équipes et en l’espace de quatre jours ouvrables, 3 097 chiens se sont vus proposer un appât, dont 88% ont été considérés comme vaccinés, ce qui a permis de vacciner en moyenne plus de 20 chiens par heure. L’acceptation de l’appât par les chiens et la réussite de la vaccination, ainsi que l’applicabilité et l’efficacité sur le terrain, ont démontré le grand potentiel de la vaccination orale dans les programmes de lutte contre la rage chez les chiens.

En juin 2024, une campagne de vaccination orale à grande échelle chez les chiens a été menée pour la deuxième fois dans la région du Zambèze. Avec la taille et le nombre d’appâts vaccinaux oraux, cette étude représente le plus grand essai de terrain au monde sur la vaccination orale chez les chiens. Au cours de cette campagne de vaccination orale, les zones à forte densité ont été ciblées de préférence, car la connectivité et la transmission de la rage sont plus probables dans ces zones.

Avec 10 équipes, chacune composée de seulement deux personnes, et en l’espace de quatre jours ouvrables, 7 982 chiens se sont vus offrir un appât avec une couverture vaccinale d’environ 45 %, ce qui constitue un énorme succès. Ce succès s’explique par le fait que les propriétaires de chiens acceptent très bien la vaccination orale et qu’ils ont été surpris de voir leurs chiens vaccinés contre la rage grâce à un appât sans injection-par-séringue d’un vaccin, et sans qu’il soit nécessaire d’attraper les chiens pour les vacciner. La sensibilisation et l’éducation à la rage et à la vaccination orale ont également été assurées par chaque équipe. Une technologie de téléphonie mobile (WVS/Mission Rabies Mobile App) a été utilisée pour saisir et suivre les données de vaccination, ce qui a permis de visualiser les points de vaccination sur une carte et de diriger les équipes vers les zones non couvertes afin d’augmenter la couverture vaccinale. Des mégaphones ont été utilisés pour sensibiliser les villageois à la rage et à la vaccination lors des visites dans les villages et pour faciliter le succès de la campagne.

Avec les campagnes de vaccination des chiens, en utilisant la vaccination-au-point-central, ainsi que les vaccinations en même temps que les vaccinations des bovins contre la fièvre aphteuse menées en 2023, avec un total de 3 369 chiens vaccinés, on s’attend à ce que l’augmentation de la couverture vaccinale favorise l’élimination de la rage transmise par les chiens dans la région du Zambèze. Une évaluation est également prévue pour le suivi post-vaccinal sur la base d’enquêtes auprès des propriétaires de chiens. Cette enquête aura lieu dans le courant de l’année et comprendra à la fois l’analyse de la couverture vaccinale et de l’incidence de la rage en fonction de la sensibilisation des propriétaires. Ces données seront comparées d’une part à l’estimation de la couverture vaccinale par des méthodes de systèmes d’information géographiques (SIG) et des données de surveillance issues des laboratoires et, pour la surveillance de la rage, à l’état antérieur tel qu’il a été obtenu lors d’une étude des connaissances, attitudes et pratiques (KAP, en Anglais). Grâce à ces résultats, la DSV envisage d’intégrer davantage la vaccination orale dans le programme de lutte contre la rage en Namibie.

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