Editorial

Renforcer les efforts de lutte contre la rage en Afrique de l'Est : Un appel à l'action.

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La rage, une maladie mortelle mais évitable, continue de représenter une menace importante pour les populations humaines et animales dans toute la région de l’Afrique de l’Est. Si certains pays ont fait des progrès considérables dans la lutte contre la maladie, d’autres sont confrontés à des défis importants dans la mise en œuvre de mesures de surveillance et de contrôle efficaces.

L’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), sous l’égide du Gouvernement Fédéral Ethiopien, a organisé la deuxième réunion du réseau de lutte contre la rage à Addis-Abeba, en Éthiopie, du 10 au 12 octobre 2023. La réunion a réuni des partenaires, notamment l’Alliance mondiale contre la rage (GARC), sous l’égide du Réseau panafricain de lutte contre la rage (Panafrican Rabies Control Network, PARACON), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La réunion a rassemblé un groupe diversifié de parties prenantes de douze pays d’Afrique orientale pour relever le défi pressant de la rage transmise par les chiens.

Au cours de la réunion, les experts ont souligné l’importance des données dans la prise de décision et le rôle critique des systèmes de surveillance dans la détection et la réponse aux cas. Ils ont également insisté sur la nécessité d’investir davantage dans les campagnes de vaccination de masse et de renforcer les capacités de diagnostic et de dépistage de la rage.

Si des pays comme le Kenya et l’Érythrée ont élaboré des plans stratégiques nationaux exhaustifs de lutte contre la rage et ont réalisé des progrès significatifs dans la mise en œuvre de ces plans, d’autres doivent encore élaborer des stratégies nationales de lutte contre la rage. Plusieurs pays doivent encore mettre en place des systèmes de surveillance robustes ou effectuer des tests réguliers. En outre, grâce à la banque de vaccins antirabiques de l’OMSA, les Membres ont bénéficié de vaccins, utilisés pour mener des campagnes de vaccination de masse des chiens visant à éliminer la rage transmise par les chiens. 

La rage sert de modèle pour la mise en œuvre de l’approche “Une Seule Santé(One Health) dans les pays, ce qui nécessite un engagement multisectoriel de la part des parties prenantes dans les secteurs de la santé animale et humaine. Comme l’a démontré la présente réunion, cette collaboration est essentielle à la réussite des programmes nationaux de lutte contre la rage, qui englobent la surveillance, le suivi des cas de rage et des foyers, les campagnes de vaccination massive des chiens et la gestion des populations de chiens. La capacité des pays à collecter et à communiquer des données de surveillance de la rage dans différents secteurs est essentielle pour suivre les investissements et évaluer les programmes et actions nationales.

Tous les pays de la sous-région ont souligné le problème de la maitrise de la rage chez les chiens appartenant à la communauté et chez les chiens errants, ainsi que les implications plus larges liées à la propriété responsable des chiens, et ont mis en évidence la complexité de la gestion des populations canines. Ils ont souligné la nécessité d’évaluer les options de gestion de la population canine, en particulier la gestion des chiens errants, qui seraient rentables et conformes aux lignes directrices existantes en matière de bien-être animal.

Un autre défi majeur auquel la sous-région est confrontée est le manque de données précises et complètes pour les programmes de lutte contre la rage. On se fie souvent à des rapports informels et à des cas humains officiellement déclarés qui ne reflètent pas l’ampleur réelle du problème, ce qui rend les efforts de lutte contre la rage inefficaces et inefficients. Il est donc difficile de déterminer et de mettre au point des interventions fondées sur des données probantes et de suivre les progrès accomplis. Par conséquent, on ne saurait trop insister sur la nécessité d’améliorer les systèmes de surveillance et de disposer de données fiables, ce qui peut être renforcé par des plaidoyers et la sensibilisation des masses à l’importance de l’échange et du partage d’informations entre les principales parties prenantes.

Il est impératif que tous les pays de cette région accordent la priorité aux programmes de lutte contre la rage et s’engagent à mettre en œuvre des mesures de surveillance et de lutte efficaces. Ils doivent notamment investir dans les ressources nécessaires et les initiatives de renforcement des capacités, telles que les programmes de formation, la sensibilisation et le plaidoyer, et augmenter le nombre de laboratoires de diagnostic. En outre, le partage des données et la collaboration doivent être encouragés afin de garantir que les meilleures pratiques et stratégies soient largement partagées au sein des réseaux.

La rage ne peut être éradiquée du jour au lendemain, mais grâce à des efforts coordonnés et à un engagement en faveur d’une prise de décision fondée sur des données probantes, la communauté internationale peut travailler ensemble pour lutter efficacement contre cette maladie mortelle et évitable. En donnant la priorité à la lutte contre la rage et en investissant dans des mesures de surveillance et de lutte, les Membres de cette région peuvent protéger les populations humaines et animales et s’acheminer vers un avenir plus sain et plus durable. La réunion visait à rendre opérationnelle l’approche “Une Seule Santé” dans la région et à faire progresser l’objectif mondial d’éliminer les décès humains dus à la rage canine d’ici à 2030.

 

Contact :

Dre Lillian Wambua – Responsable régional de la santé publique

Courriel : [email protected]

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