Alors que l’hiver s’installe en Europe et en Eurasie, des millions d’oiseaux migrateurs se dirigent vers le sud, en direction de l’Afrique, ce qui fait craindre que l’actuelle épizootie de grippe aviaire A de type H5N8, qui se propage, puisse atteindre les côtes africaines, si ce n’est déjà le cas.
Carte ci-dessous : Foyers de H5N1 en 2005 et principales voies de migration des oiseaux migrateurs. FAO et Wetlands International (2005)
L’influenza de type H5N8 est considérée comme pathogène (types H5 et H7) et se manifeste actuellement de diverses manières, allant d’asymptomatique et subclinique à hautement létale dans certaines populations ; de nombreuses découvertes chez les oiseaux sauvages sont basées sur la découverte d’animaux morts.
Le H5N8 est signalé dans l’hémisphère nord presque chaque année depuis 2014, où il est apparu en République de Corée (du Sud). Il a été signalé au moins depuis les années ’80 (Irlande).
Il est étiqueté comme hautement pathogène sur la base d’un indice de pathogénicité intraveineuse (IVPI) supérieur à 1,2 (ou, comme alternative, une mortalité d’au moins 75 %).
Le foyer H5N8 de cette année a été signalé pour la première fois à l’OIE le 4 août 2020 par la Russie chez des oiseaux sauvages et ce rapport a été suivi par des rapports du Kazakhstan (17 septembre 2020, à la fois pour les volailles et les oiseaux sauvages) et toute une série de rapports qui se sont succédé rapidement, à la fois pour les espèces de volailles et les autres espèces, en provenance (par ordre alphabétique) de l’Allemagne, de la Belgique, de la Croatie, du Danemark, de l’Espagne, de la France, de l’Italie, de l’Irlande, d’Israël, de la Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Slovénie, de la Suède et de l’Ukraine. Vers l’Est, la maladie a été signalée en Chine, en Iran, au Japon et en Corée (du Sud).
On entend par volailles « tous les oiseaux domestiqués, volailles de basse-cour comprises, qui sont utilisés à des fins de production de viande ou d’œufs de consommation, de production d’autres produits commerciaux ou de fourniture de gibier de repeuplement ou à des fins de reproduction de ces catégories d’oiseaux, ainsi que les coqs de combat indépendamment de l’usage auquel ils sont réservés ».
Les oiseaux détenus en captivité à des fins autres que celles mentionnées au précédent alinéa (y compris les oiseaux détenus à des fins de spectacles, de courses, d’expositions ou de compétition ou à des fins de reproduction ou de vente de ces catégories d’oiseaux, ainsi que les oiseaux de compagnie) ne sont pas considérés comme des volailles et sont rapportés à l’OIE comme des espèces non-volailles, ainsi que toutes les espèces d’oiseaux sauvages.
Quelles que soient les espèces concernées, tous les cas d’influenza de type H5 et H7 doivent être signalés (notifiés) à l’OIE, même s’il existe des indications ou des preuves qu’ils sont faiblement pathogènes. Pour les autres types d’influenza aviaire, seuls les types hautement pathogènes doivent être signalés à l’OIE, par exemple le type H9.
Toutefois, la notification de l’infection chez des oiseaux autres que les volailles n’affectera pas le statut sanitaire du pays en ce qui concerne les volailles. La norme stipule que :
L'infection des oiseaux autres que les volailles, oiseaux sauvages compris, causée par les virus de l’influenza de type A de haute pathogénicité doit faire l'objet d'une notification conformément à l'article 1.1.3. Toutefois, un État membre ne doit pas appliquer de mesures de restriction au commerce de volailles et de marchandises issues de volailles en réponse à ladite notification, ou à la communication d’informations sur la présence de n’importe quel virus de l’influenza de type A chez des oiseaux autres que les volailles, oiseaux sauvages compris.
Jusqu’à présent, pour cette année, aucun pays africain n’a signalé la présence de H5N8.
Cependant, l’Afrique du Sud, le Cameroun, le Congo (République Démocratique), l’Égypte, le Niger, le Nigeria, l’Ouganda, la Tunisie et le Zimbabwe ont signalé le H5N8 dans le courant de l’année 2017, et de nombreux rapports de suivi ont été soumis jusqu’en 2020.
Échantillonnage des oiseaux sauvages en Afrique de l’Ouest. Photo (c) A. Caron (CIRAD) 2006
Les pays d’Afrique sont encouragés à mener une surveillance active de ce type de H5N8 et de recommander le respect des exigences prescrites en matière de procédures de biosécurité pour tous les propriétaires de volailles et de restrictions de quarantaine dans les zones où des cas ont été identifiés. Bien que ces mesures soient les plus strictes pour les grandes exploitations et les intégrations, toute personne détenant des volailles doit être consciente de la situation et renforcer les mesures de biosécurité car la maladie se propage par contact d’oiseau à oiseau ou par des liquides organiques contaminés tels que les selles.
Parmi les mesures qui peuvent être prises pour assurer une bonne biosécurité, citons:
L’infection humaine par le virus H5N8 ne peut être exclue, bien que la probabilité soit faible, sur la base des informations limitées obtenues à ce jour (OMS). La maladie est nullement liée au Covid-19 ou au CoV-2 du SRAS-CoV-2.
Dernier rapport épidémiologique de l’OIE sur la Grippe aviaire hautement pathogène (n° 18) 13 november – 3 décembre 2020.