Une étape importante dans la lutte mondiale contre la rage a été franchie lorsque le programme officiel de lutte contre la rage canine de la Zambie a été approuvé lors de la 90e Session Générale de l’OMSA. Cette approbation témoigne de l’engagement de la Zambie à éliminer cette maladie mortelle grâce à une stratégie sanitaire globale et soigneusement planifiée.
Pour obtenir cette reconnaissance prestigieuse, les pays doivent adhérer aux normes internationales de l’OMSA et leurs candidatures sont soumises à une évaluation rigoureuse afin de garantir l’efficacité de leurs mesures. La réussite de la Zambie ne souligne pas seulement son dévouement, mais positionne également le pays comme plaidoyer puissant pour obtenir le soutien nécessaire à la poursuite de la mise en œuvre de son programme de lutte contre la rage.
La rage tue encore des animaux et des êtres humains, entraînant des pertes économiques considérables.
La Zambie, dont la population est estimée à 968 372 chiens et 411 221 chats (source : Zambia National Rabies Control Plan), est confrontée à ce problème urgent. Le Dr Linous Munsimbwe, vétérinaire principal au Ministère zambien des pêches et de l’élevage, a souligné le rôle essentiel joué par les services vétérinaires dans la mise en œuvre de la stratégie officielle de lutte contre la rage, dans le cadre de la lutte acharnée contre cette maladie.
Comme dans d’autres pays où la rage est endémique, les chiens domestiques sont les principaux vecteurs de la rage en Zambie. La rage transmise par la faune sauvage, en particulier par les chacals et les hyènes, est également signalée à proximité des réserves naturelles.
L’un des principaux objectifs du programme de lutte contre la rage en Zambie est d’éliminer à terme la maladie dans le pays et de se déclarer indemne de rage, contribuant ainsi à l’objectif mondial “Zéro d’ici 30” qui consiste à éliminer les décès humains dus à la rage transmise par les chiens d’ici 2030.
La Zambie a lancé plusieurs initiatives réussies dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la rage. Il s’agit notamment de campagnes de vaccination massive des chiens qui ont été menées dans différents districts, en utilisant des outils innovants tels que l’outil de suivi de la vaccination contre la rage, le DHIS2 et l’application WVS sur les smartphones pour s’assurer que les services vétérinaires gardent une trace des données de vaccination, afin de mesurer les progrès accomplis pour atteindre la couverture recommandée de 70 % de chiens vaccinés. Bien que certains districts aient rencontré des difficultés en raison d’un manque de formation à l’utilisation de l’outil de suivi des vaccinations, les efforts, de manière générale, ont permis de réaliser des progrès significatifs en matière de couverture vaccinale afin de protéger les chiens, le bétail et l’homme de l’exposition au virus mortel.
Auparavant, l’accent était mis principalement sur la prophylaxie chez l’homme, qui s’est avérée coûteuse et gourmande en ressources. Cependant, avec l’adoption d’une approche “Une seule santé”, la Zambie se concentre désormais sur la lutte contre la rage chez les chiens, reconnaissant qu’il s’agit là de la clé pour réduire à terme les cas de rage transmis par les chiens chez l’homme et les autres animaux d’élevage.
En outre, la Zambie s’est engagée dans des projets pilotes de lutte contre la rage dans des districts spécifiques, en vaccinant avec succès des milliers de chiens. Des campagnes d’éducation et de sensibilisation dans les écoles, ainsi que des initiatives de sensibilisation du public, ont permis de diffuser des informations cruciales sur la rage.
Dr Linous Munsimbwe, vétérinaire principal, Ministère des pêches et de l'élevage de la Zambie, et point de contact pour la rage au sein de l'Organisation mondiale de la santé.
The Delegate of Zambia, Dr Geoffrey Muuka (left) receiving the certificate of endorsement by WOAH of the official control programme against dog mediated rabies. Picture © Twitter (woah) 2023.
L’approbation de la stratégie de lutte contre la rage de la Zambie par l’OMSA a attiré un soutien durable de la part des partenaires internationaux. Grâce à la collaboration avec des organisations telles que le US-CDC et USAID (Etats Unis), la Zambie a obtenu 700 000 doses de vaccin antirabique. Ce résultat important est une preuve concrète de la reconnaissance par la communauté internationale de l’engagement de la Zambie dans la lutte contre la rage.
Le Délégué de la Zambie, le Dr Geoffrey Muuka (à gauche), recevant le certificat de validation par l’OMSA du programme officiel de lutte contre la rage canine. Photo © Twitter (omsa) 2023.
Dr Linous Munsimbwe - Vétérinaire principal, Ministère des pêches et de l'élevage, Zambie.
Le Dr Munsimbwe a souligné que l’une des principales réussites de la Zambie en matière de lutte contre la rage a été l’élaboration et l’approbation de sa stratégie de lutte contre la rage, qui n’existait pas auparavant. Cette stratégie a fourni une feuille de route claire pour l’action et a obtenu le soutien de divers partenaires.
Le Dr Munsimbwe a rappelé que pour soutenir ses efforts, la Zambie s’est lancée dans un programme de gestion intégrée des cas de morsures (integrated bite-case management, IBCM), qui implique une collaboration entre les centres de santé, la police et les autorités vétérinaires pour répondre rapidement aux incidents de morsures de chiens. L’introduction de techniques de dépistage rapide a accéléré le processus de diagnostic, ce qui permet d’agir rapidement.
L’approche de la Zambie en matière de lutte contre la rage illustre le principe “Une seule santé”, qui met l’accent sur la collaboration entre les différents secteurs pour lutter contre les zoonoses de manière globale. Alors que la collaboration transfrontalière est en cours, l’engagement de la Zambie dans la lutte contre la rage est inébranlable.
S’exprimant sur les défis à relever, le Dr Munsimbwe a souligné qu’en dépit des progrès accomplis, certaines difficultés continuent d’entraver les efforts déployés, en raison du nombre excessif de chiens par rapport à la capacité de collecte de données précises, en particulier dans les zones reculées d’où proviennent les cas de rage, et de l’apathie à l’égard des pratiques de vaccination due à la perception qu’en ont les communautés.
Néanmoins, le gouvernement zambien s’efforce en permanence de surmonter ces difficultés logistiques et de s’attaquer à la perception de la vaccination au sein de la communauté, ce qui constitue une priorité. L’objectif principal est d’investir dans le renforcement des capacités et la formation du personnel aux compétences techniques qui sont essentielles pour maintenir le programme efficace et à jour.