Le Pr. Dr. Gavin R. Thomson
L’Organisation mondiale de la santé animale a appris le décès prématuré du Dr Gavin R. Thomson, le 23 avril 2021. Avec Gavin, comme on l’appelait affectueusement, l’Afrique a perdu un monument de la science vétérinaire. Né en Afrique du Sud en 1943, Gavin est devenu synonyme, en tant que virologue vétérinaire, de la fièvre aphteuse et en particulier des sérotypes des Territoires d’Afrique Australe (Southern Africa Territories ou SAT) qui sont si problématiques car ils circulent discrètement dans les réservoirs de la faune sauvage.
Gavin accueillant l’atelier national des parties prenantes de l’étude de faisabilité “Laikipia Integrated Feedlot Scheme” sur l’exportation de viande bovine du Kenya (Banque Mondiale) à Nairobi, au Kenya, en mai 2019. Photo (c) P. Bastiaensen (oie) 2019
Diplômé aux niveaux de maitrise et doctorat (immunologie et virologie) de Birmingham et Londres respectivement, au Royaume-Uni, Gavin Thomson a gravi les échelons à l’Institut de Recherche Vétérinaire d’Onderstepoort à Pretoria, en Afrique du Sud, pour devenir directeur du laboratoire de la fièvre aphteuse, puis – en 1995 – de l’Institut des Maladies Exotiques d’Onderstepoort (ou Onderstepoort Institute for Exotic Diseases, OIED).
Gavin à l’une des premières réunions de la feuille de route PCP pour la fièvre aphteuse : Atelier technique conjoint FAO-OIE “Avancer sur la voie du contrôle progressif (PCP) de la fièvre aphteuse dans la région de la SADC” à Gaborone (Botswana) en 2011. Photo (c) P. Bastiaensen (oie) 2011.
En 1998, l’OIED devient la Division des Maladies Exotiques ou Exotic Diseases Division (EDD) et s’intègre pleinement au nouvel Institut Vétérinaire d’Onderstepoort (OVI) du Conseil de la Recherche Agricole (Agricultural Research Council, ARC) en Afrique du Sud. Gavin Thomson devient le Directeur de l’OVI dans son ensemble.
En 2000, Gavin quittera l’ARC – OVI à Pretoria et rejoindra la FAO en tant que conseiller technique, détaché au programme Pan-Africain de Contrôle des Epizooties (PACE), faisant suite au programme de la Campagne Pan-Africaine contre la Peste bovine (PARC), tous deux coordonnés par l’Union Africaine (BIRA). Il a contribué de manière significative aux étapes finales de l’éradication de la peste bovine et à d’autres travaux considérables tels que le contrôle de la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) en Afrique.
Après avoir été associé à divers commissions scientifiques de l’OIE pendant plus d’une décennie, de 1994 à 2006, il a été élu Président du précurseur de la Commission Scientifique de l’OIE pour les Maladies Animales (CSMA), la Commission Scientifique pour la Fièvre Aphteuse, de 2000 à 2003.
Au cours des dernières années, il publie un ensemble considérable de travaux sur le commerce des produits dénués de risque, qu’il a appelé “commerce basé sur les produits” (commodity-based trade ou CBT), en particulier dans le contexte de la production de viande bovine dans les pays abritant de grandes populations d’animaux sauvages et l’émergence d’aires de conservation transfrontalières (non clôturées), largement considérées comme incompatibles avec les exigences d’accès au marché pour les bovins et/ou la viande bovine.
Gavin Thomson, deuxième de gauche, entre Lethlogile Modisa (actuel Délégué OIE du Botswana) et Mark Atkinson (Programme KAZA TFCA, AHEAD) lors de l’atelier conjoint SADC / AHEAD sur la reconciliation des objectifs de santé du bétail et de conservation de la faune sauvage en Afrique australe, à Phakalane, Botswana, en novembre 2012. Photo (c) AHEAD (WCS) 2012.
Il a réussi, en travaillant avec les Pays Membres, les parties prenantes nationales/régionales, ainsi que les organisations internationales, y compris la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (Southern African Development Community, SADC) et l’Union Africaine, à contribuer à l’établissement de normes au sein de l’OIE.
Après la conclusion du programme PACE et son affectation à la FAO en 2004, il a rejoint le Secrétariat de la SADC (Projet régional de lutte contre la fièvre aphteuse, financé par l’UE) en 2006, puis rejoint la Dre Mary-Lou Penrith dans une société de conseil privée, appelée à juste titre TAD Scientific, qui l’a amené aux quatre coins du monde, en tant que conseiller technique auprès de gouvernements, d’entités du secteur privé et d’innombrables groupes de défense de la conservation et forums scientifiques, en tant qu’orateur talentueux et source médiatique de confiance.
Nos pensées vont à son épouse Marguerite et à leurs trois filles.