Des acteurs publics et privés des industries aquacoles du monde se sont réunis à Santiago, la capitale du Chili, pour la quatrième conférence mondiale de l’OIE sur la santé des animaux aquatiques, qui avait pour thème «collaboration, durabilité: notre avenir». Le choix du Chili comme pays hôte n’était pas une coïncidence, le Chili étant le deuxième plus grand producteur de saumon au monde.
Quelque 280 participants ont assisté à la conférence, la plupart venu du continent Américain. La région Afrique était représentée par 8 pays et délégations, à savoir le Congo (République Démocratique), l’Égypte, le Maroc, le Nigéria, l’Ouganda, le Togo, la Tunisie et le Zimbabwe, soit par le/la Délégué(e) de l’OIE, soit par le Point focal, soit les deux. Les autres organisations régionales pertinentes de la région, représentées à la Conférence étaient le Bureau Interafricain des Ressources Animales de l’Union Africaine (UA-BIRA) de Nairobi, le Secrétariat de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) de Gaborone et l’Organisation Arabe pour le Développement Agricole (AOAD) de Khartoum.
Cette quatrième conférence internationale avait pour objectif de se recentrer sur les principes de base d’une gestion rationnelle de la santé des animaux aquatiques et de la mise en œuvre des normes pertinentes de l’OIE. Quatre sessions au total ont été organisées autour des thèmes suivants:
Monique Eloit, Directrice générale de l'OIE
Biodiversity aquatic Santiago Chile 2019
Henrique Figueredo (Brésil) a abordé des questions importantes concernant la propagation actuelle du Virus du Tilapia Lacustre dans le monde, virus aujourd’hui classé comme l’unique espèce de Tilapia tilapenivirus appartenant à une famille jusque-là non désignée; et Jonathan Kolby (États-Unis) sur la propagation et les risques pour la biodiversité des maladies des amphibiens, parmi lesquels B. salamandivorans, menaçant la survie de plus de 500 espèces de salamandres. Dans les deux cas, comme pour les deux maladies de grenouilles inscrites à la liste de l’OIE, le commerce est un vecteur important de la propagation de ces maladies et seul le strict respect de la biosécurité et des normes de certification de l’OIE peuvent éviter davantage une dégradation de la situation.
Une session spéciale a été consacrée à la biosécurité en aquaculture, lors de laquelle Mohan Chadag de WorldFish a souligné l’importance de l’élevage du tilapia pour la sécurité alimentaire, la sécurité nutritionnelle et les moyens de subsistance des communautés rurales d’Afrique et d’Asie. Pour maintenir et développer le secteur aquacole du tilapia, la biosécurité joue un rôle central. L’Égypte et l’Ouganda font partie des 10 plus grands producteurs de tilapia au monde.
Lors d’une séance consacrée aux avancées réalisées dans la gestion des maladies, présidée par la Déléguée OIE pour la Norvège, la Dre Kristina Landsverk, le Dr Matthew Stone, Directeur général adjoint de l’OIE, a informé l’audience des travaux de l’OIE et de la Tripartite (FAO, OIE, OMS) dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens (RAM), la plus grande menace mondiale pour la santé des êtres humains, des animaux et de l’environnement. Il a souligné la nécessité de s’attaquer à la RAM par le biais d’une approche « Une Seule Santé » (One Health) englobant la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale ; cette dernière inclut évidemment les différents bassins et plans d’eau. L’innovation, la collaboration et les partenariats public-privé (PPP) jouent un rôle clé dans la résolution des problèmes de RAM. Illustrant bien l’importance de la collaboration, le succès impressionnant de l’industrie norvégienne réalisé en salmoniculture a été mis en évidence. La Norvège est le plus grand producteur de saumon au monde avec une production annuelle d’environ 1,3 million de tonnes métriques par an. Pour réaliser cette production, seuls 300 kg d’antibiotiques sont utilisés. Cela a été rendu possible grâce au développement de nouveaux vaccins, à la réglementation stricte de l’utilisation des antimicrobiens (administrés uniquement sur ordonnance après un diagnostic correct et des tests de sensibilité) et à des mesures de biosécurité strictes prises aux niveaux national et au niveau des exploitations mêmes. Ben North, représentant de l’industrie pharmaceutique norvégienne, l’a bien résumé en quelques mots: «un microlitre de prévention vaut mieux qu’une tonne de traitement».
La conférence a été rendu possible grâce au généreux soutien financier de la République du Chili, de la République Populaire de Chine, du Japon, de l’Union Européenne et de la Norvège (NORAD), ainsi que divers sponsors du secteur privé.
Crédit photos © P. Bastiaensen (oie) 2019, sauf mentions contraires.