
Depuis 2020, le projet de Professionnalisation des Para-professionnels Vétérinaires (P3V), mis en œuvre par l’OMSA avec l’appui de l’Agence française de développement (AFD), accompagne trois pays d’Afrique de l’Ouest (le Sénégal, le Togo et récemment le Bénin) dans leurs efforts de structuration des Services Vétérinaires.
En s’appuyant sur cinq composantes complémentaires, le projet vise à professionnaliser les PPV, à améliorer leur insertion, renforcer l’environnement institutionnel, et faciliter l’accès des éleveurs à des services de qualité.
Dans cette dynamique, les réunions nationales de coordination jouent un rôle essentiel. Elles constituent un cadre d’échanges entre parties prenantes, un espace de suivi technique, mais aussi un levier stratégique pour capitaliser les acquis, valider les outils développés et envisager les perspectives de pérennisation.
Dans cette dynamique, le projet P3V a organisé les trois réunions nationales de coordination entre mai et juin 2025. Elles se sont tenues successivement au Sénégal (les 6 et 7 mai à Saly Portudal), au Togo (les 22 et 23 mai à Lomé), et au Bénin (le 4 juin à Bohicon). Ces rencontres ont réuni les principaux acteurs du secteur de la santé animale : ministères, services vétérinaires, établissements de formation des para-professionnels vétérinaires, professionnels, partenaires techniques et financiers pour un moment fort de dialogue et de mobilisation autour de l’avenir des PPV.
Les réunions nationales de coordination ont débuté par une présentation générale des activités mises en œuvre dans chaque pays au cours de l’année écoulée. Cette restitution, assurée par l’équipe projet P3V, a permis de faire le point sur l’état d’avancement du projet, en mettant en évidence les réalisations, les difficultés rencontrées et les enseignements tirés de sa mise en œuvre. Elle a également permis de valoriser les efforts de collaboration entre les différents acteurs engagés dans le projet, notamment les ministères de tutelle, les établissements de formation, les organisations professionnelles et les partenaires techniques.
Au Bénin, les équipes ont présenté les premières étapes franchies depuis l’intégration du pays dans le projet en 2024. Elles ont notamment partagé les actions engagées pour sélectionner les établissements pilotes, former un premier noyau d’enseignants, et mobiliser les acteurs autour des priorités stratégiques. Cette première réunion de coordination nationale a constitué une étape importante dans la dynamique d’appropriation et de structuration nationale du projet.
Les présentations ont aussi mis en exergue plusieurs axes de travail structurants.
Au Sénégal et au Togo, un accent particulier a été mis sur les études en cours, portant respectivement sur l’insertion professionnelle des PPV et la rentabilité économique de leurs activités. Ces travaux, menés en lien avec les établissements partenaires, visent à mieux comprendre les trajectoires d’insertion, les facteurs de réussite et les freins à l’installation des jeunes professionnels. Ils alimentent la réflexion sur les politiques d’accompagnement, l’adaptation des formations et la mise en place de dispositifs durables de soutien post-formation.
Enfin, la réunion tenue au Bénin a été marquée par une présentation détaillée sur les missions PVS, la révision des Curricula. Cette intervention a permis d’expliquer les fondements et la méthodologie de cette démarche d’évaluation des programmes de formation, qui vise à aligner les curricula nationaux des PPV avec les standards internationaux tout en tenant compte des réalités propres à chaque pays.
Deux grandes thématiques ont structuré les réflexions collectives au cours des réunions : la digitalisation du Manuel à Usage du Personnel de Santé Animale (MUPSA) et la transférabilité et durabilité des outils développés dans le cadre du projet. Ces ateliers ont permis de mobiliser l’intelligence collective autour des conditions de pérennisation du projet P3V, en tenant compte des acquis, des défis encore à relever, et des spécificités contextuelles de chaque pays.
Concernant la digitalisation du MUPSA, les participants ont unanimement salué cette initiative innovante, perçue comme un levier essentiel pour démocratiser l’accès à l’information vétérinaire. Ils ont toutefois souligné plusieurs impératifs pour garantir son efficacité : une plateforme intuitive, compatible avec les téléphones portables, accessible hors ligne et conçue pour répondre aux réalités des zones rurales. La diversité des profils utilisateurs notamment les vétérinaires, les PPV, les enseignants, apprenants, les agents communautaires a été largement prise en compte dans les échanges, de même que les besoins linguistiques et les niveaux de littératie variable. Il a été fortement recommandé d’adopter une approche pédagogique, incluant des textes clairs, des vidéos explicatives, des quiz interactifs, des infographies, et des supports audios. L’enjeu est de concevoir un outil accessible, engageant et utile à la fois pour l’apprentissage, la pratique professionnelle et la formation continue.
Les réflexions ont aussi porté sur la gouvernance de cette plateforme : au-delà des aspects techniques, les participants ont insisté sur la nécessité d’en faire un outil institutionnalisé, animé et régulièrement mis à jour par les acteurs nationaux, avec l’appui des partenaires techniques. Toutes les attentes formulées durant les échanges dans la mesure où elles sont réalisables et respectueuses des principes éthiques seront prises en compte dans le cahier des charges transmis au consultant en charge du développement de la plateforme, afin d’en faire un outil efficace, inclusif et durable.
La seconde thématique a porté sur la transférabilité et la durabilité des outils du projet. Les groupes ont mis en évidence un niveau d’appropriation satisfaisant, en particulier autour des référentiels de formation, des dispositifs d’insertion professionnelle des PPV, des cadres de concertation, et des modèles économiques développés pour soutenir l’installation des PPV. Ces outils sont aujourd’hui utilisés dans plusieurs établissements, mais leur maintien à long terme dépend de plusieurs facteurs : reconnaissance institutionnelle, intégration dans les politiques publiques, mobilisation de ressources humaines et financières.
Les discussions ont ainsi convergé vers des recommandations structurantes : intégrer les outils dans les plans d’action nationaux, former des référents nationaux capables d’en assurer la continuité, créer des mécanismes formels de suivi post-formation, et encourager les financements publics ou mixtes pour accompagner les dispositifs dans la durée. Les participants ont souligné l’importance d’une vision stratégique partagée entre les ministères, les établissements de formation, les ordres professionnels et les partenaires de développement, pour passer de la phase expérimentale à une dynamique nationale et durable.
Ces travaux de groupes ont donc permis de poser les bases d’un après-P3V porteur, en consolidant les acquis, en ouvrant des perspectives d’extension, et en affirmant la volonté commune de bâtir un système vétérinaire plus inclusif, performant et résilient.
Les cinquièmes réunions nationales de coordination du projet P3V ont marqué une étape stratégique importante. Elles ont renforcé la transparence, valorisé les résultats et encouragé une vision commune du projet. Les échanges ont permis de faire le point sur les avancées nationales, d’identifier des défis communs et de réfléchir à des solutions durables, notamment par l’innovation numérique. La mobilisation des acteurs autour de la professionnalisation des PPV, du renforcement des services vétérinaires de proximité et des capacités locales a été saluée. Les recommandations issues de ces réunions poseront les bases des prochaines étapes, appelant à un engagement collectif pour améliorer les conditions d’exercice des PPV au service des éleveurs et de la santé animale en Afrique de l’Ouest.