Windhoek, Namibie

Réunion consultative des parties prenantes concernant le projet namibien de lutte contre la rage et les maladies animales transfrontalières

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En 2022, le ministère fédéral de la coopération économique et du développement (BMZ) de l’Allemagne a financé un projet  pour aider la Direction des services vétérinaires (DVS) du Ministère de l’agriculture, de l’eau et de la réforme agraire en Namibie à mettre en œuvre un programme de lutte contre la rage et contre les maladies animales transfrontalières. Le projet, intitulé “One Health approach towards control of rabies and transboundary animal diseases” (OHRT) vise à renforcer les systèmes de santé animale dans les zones communautaires du nord de la Namibie (Northern Communal Areas ou  NCA), en mettant l’accent sur l’élimination des décès dus à la rage humaine par l’intermédiaire des chiens ainsi que sur la surveillance et le contrôle des mouvements vis-à-vis de la fièvre aphteuse et de la peste des petits ruminants (PPR). Le projet est administré par l’OMSA.

Une réunion/atelier consultatif des parties prenantes s’est tenue les 7 et 8 mars 2024 à Windhoek, en Namibie, afin d’étudier les activités de 2023 et de préparer le plan d’action pour 2024. La réunion a rassemblé 60 parties prenantes, dont des représentants de la Direction des services vétérinaires (DVS), le Ministère de la santé et des services sociaux, de l’Université de la Namibie (UNAM), de l’Association vétérinaire de Namibie (VAN), du Programme de conservation des guépards (CCP), de l’OMSA, de l’Institut Friedrich Loeffler (FLI), de l’Alliance mondiale pour la lutte contre la rage (GARC) et de l’Institut des services vétérinaires de l’Angola.

Opening session of the meeting/workshop, CVO of Namibia delivering welcome remarks. Picture © T. Tenzin (woah) 2024

Séance d’ouverture de la réunion/atelier, la DSV de la Namibie prononçant le discours de bienvenue. Photo © T. Tenzin (omsa) 2024

 

La réunion a commencé par les remarques de la Directrice des services vétérinaires (DSV), la Dre Albertina Shilongo, qui a reconnu la réduction, dans les NCA, des cas de rage humaine depuis le début du projet en 2016. Elle a remercié le Gouvernement allemand et l’OMSA pour leur soutien financier et technique, ainsi que les autres parties prenantes pour leur collaboration continue afin d’atteindre l’objectif de zéro décès humain dû à la rage transmise par les chiens d’ici 2030.

D’autres intervenants, comme Mme Philomena Ochurus du Ministère de la santé et des services sociaux, ont souligné l’importance de la surveillance, de la collecte de données et de l’échange d’informations. Le Dr Samo Daniel, de l’Institut des services vétérinaires de l’Angola, a souligné les efforts déployés par son pays pour lutter contre la rage en Angola et le long de la frontière entre la Namibie et le sud de l’Angola.

Presentation of rabies activities during 2023 in Namibia by national rabies coordinator. Picture © Tenzin Tenzin (woah) 2024

Le Dr Thomas Muller, de l’Institut Friedrich Loeffler (FLI), a salué les réalisations de la Namibie et s’est engagé à fournir un soutien technique continu pour atteindre l’objectif du programme d’élimination de la rage. M. Thomas Feidiker, de l’Ambassade d’Allemagne, a salué les succès des différentes phases du projet financées par l’Allemagne en Namibie, soulignant l’importance de la lutte contre la rage et des maladies animales transfrontalières pour la prospérité économique de la région. Le Dr Moetapele Letshwenyo, Représentant de l’OMSA pour l’Afrique australe, a déclaré que le projet de lutte contre la rage en Namibie avait franchi une étape importante en réduisant le nombre de cas de rage chez les animaux et les humains grâce à une meilleure collaboration entre les secteurs de la santé publique et la santé animale en utilisant l’approche One Health ou ‘Une Seule Santé’, et grâce au soutien technique d’autres partenaires tels que l’OMSA, FLI et GARC. Il a également mis l’accent sur la documentation des activités du projet et sur les enseignements tirés, qui doivent être partagés avec des communautés bien plus élargies par le biais de publications scientifiques.

Présentation des activités de lutte contre la rage en 2023 en Namibie par le Coordinateur national de la lutte contre la rage. Photo © Tenzin Tenzin (omsa) 2024

Les présentations et la discussion sur la rage se sont concentrées sur l’examen des progrès réalisés en 2023. En 2023, le programme de lutte contre la rage en Namibie a fait des progrès significatifs dans ses efforts pour contrôler la rage transmise par les chiens dans les NCA. L’une des principales réalisations a été la vaccination d’environ 113 032 chiens, soit une augmentation de 49,95 % par rapport à l’année précédente, bien que la couverture ait varié d’une région à l’autre. Des initiatives éducatives ont été menées auprès environ 26 000 élèves, afin de les sensibiliser à la rage. Les efforts de surveillance de la rage ont permis d’enquêter sur plusieurs cas suspects, avec un taux de positivité de 43,9 % pour différentes espèces animales, bien qu’aucune réduction significative des cas de rage animale n’ait été observée. Parmi les difficultés rencontrées, citons l’irrégularité de la durée des campagnes de vaccination et les contraintes budgétaires et de transport.

Pour sa part le Ministère de la santé et des services sociaux a signalé cinq décès dus à la rage humaine en 2023, soit une réduction par rapport aux sept décès enregistrés en 2022. Le Ministère de la santé et des services sociaux élabore également des stratégies pour soutenir des approches ‘Une Seule Santé’ et des enquêtes sur les cas de rage. D’autres organisations, y compris l’Institut Friedrich Loeffler (FLI) et le Laboratoire central vétérinaire (CVL) de Windhoek, ont présenté des initiatives visant à améliorer les capacités de diagnostic et à améliorer la compréhension de l’épidémiologie de la rage dans la région.

Des organisations non gouvernementales (ONG) telles que “Have a Heart Namibia”, l’Université de la Namibie (UNAM) et le Cheetah Conservation Fund (CCF) ont joué un rôle essentiel dans la gestion de la population canine, la lutte contre la rage et la sensibilisation en Namibie. Le Dr Andre Coetzer du GARC a souligné le rôle crucial des ONG dans la prévention et le contrôle de la rage dans les régions endémiques du monde entier. Il a souligné que les ONG complètent les efforts du Gouvernement en atteignant des zones où la présence étatique peut être insuffisante et en fournissant des services supplémentaires tels que la gestion de la population canine et l’organisation de campagnes de vaccination pour le compte d’un gouvernement. Cette collaboration entre les ONG et les gouvernements nationaux renforce les efforts d’élimination de la rage et améliore le bien-être des animaux.

Les avantages de l’utilisation de la technologie mobile pour suivre la vaccination des chiens contre la rage et la surveillance de la rage en Namibie ont également été discutés. La Direction des services vétérinaires (DSV) utilise une application mobile pour suivre la vaccination des chiens et la réunion a recommandé d’adopter une application mobile pour la gestion des données de vaccination des chiens afin de faciliter les décisions basées sur les données dans la planification des campagnes de vaccination de masse des chiens.

Le Dr Samo Daniel a fait le point sur la situation de la rage en Angola ainsi que sur le plan d’action pour la campagne de vaccination de masse des chiens.

La réunion/atelier a été l’occasion de discussions actives sur la rage et a souligné la nécessité d’une meilleure collaboration entre les secteurs de la santé humaine et animale afin d’améliorer la couverture vaccinale des chiens. Les sessions de formation destinées aux professionnels de la santé et la participation des ONG aux efforts de lutte contre la rage ont également été reconnues comme des aspects essentiels de l’avancement du programme. Toutefois, des lacunes dans le partage des données entre les ONG et la Direction des services vétérinaires ont été identifiées, et des recommandations ont été formulées pour améliorer la coordination et les rapports.

La réunion a approuvé un plan de travail pour 2024, qui donne la priorité aux campagnes de vaccination de masse des chiens, à la surveillance de la rage, à l’éducation et au renforcement des capacités, dans le but de continuer à progresser vers l’élimination de la rage humaine transmise par les chiens en Namibie.

Au cours de la seconde moitié de la réunion, le programme de lutte contre les maladies animales transfrontalières, en particulier la fièvre aphteuse et la peste des petits ruminants, a été examiné. L’examen a mis en évidence les principales activités financées dans le cadre du projet BMZ OHRT, notamment l’achat de kits de test et de matériel d’échantillonnage pour les efforts de surveillance de la fièvre aphteuse et de la PPR dans les NCA, qui d’ailleurs n’a détectée aucune circulation de la PPR ou de la fièvre aphteuse. En outre, la construction de 15 couloirs de vaccination dans quatre régions est en cours, afin d’améliorer la surveillance des maladies. Diverses initiatives de renforcement des capacités pour les para-professionnels vétérinaires et les vétérinaires, ont été réalisés, y compris l’enquête et la riposte aux épidémies, l’analyse des risques, les systèmes d’information géographique et la cartographie des maladies, ainsi que la formation de sensibilisation pour environ 2 000 éleveurs. Une réunion transfrontalière sur les maladies transfrontalières et la rage s’est tenue en Namibie, à laquelle ont participé des représentants de l’Angola, du Botswana, de la Namibie, de la Zambie et du Zimbabwe. L’Angola a également fait le point sur la situation de la fièvre aphteuse et de la PPR, signalant des foyers sporadiques de fièvre aphteuse dans le sud de l’Angola, à la frontière avec la Namibie, mais aucun cas de PPR n’a été signalé depuis 2013.

La réunion a préparé un plan d’action pour 2024, qui comprend la surveillance et les enquêtes sur la fièvre aphteuse et la PPR, la sérosurveillance post-vaccination vis-à-vis de la fièvre aphteuse, l’étude des mouvements du gros bétail (bovins) et du petit bétail (petits ruminants) pour informer les efforts de prévention et de maitrise des maladies, et le renforcement des capacités en matière de prévention et de lutte.

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