Paris, France

La 89e Session Générale de l’OIE : sa pertinence pour l’Afrique…

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Aperçu de la participation présentielle limitée à la 89e Session Générale. 

 

 

Plus de 500 participants de 151 pays et territoires se sont joints à ce tout premier événement hybride, soit en personne, soit virtuellement, représentant les Délégués nationaux de l’OIE ainsi que des experts de l’OIE, une sélection du personnel ainsi que des représentants d’organisations internationales, intergouvernementales, régionales et nationales. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence (en-ligne) de 5 ministres et membres de gouvernement des Pays et Territoires Membres de l’OIE, ainsi que du Président de l’OIE, le Dr Hugo Federico Idoyaga Benítez (Paraguay), et de la Directrice générale de l’OIE, la Dre Monique Eloit.

Cette 89e Session Générale a non seulement approuvé d’importantes nouvelles normes et accrédité de nouvelles institutions, mais elle a également élu le membre du Conseil de l’OIE, représentant le Moyen-Orient, ainsi que plusieurs postes dans les Bureaux des Commissions Régionales pour l’Afrique, les Amériques, l’Asie, l’Extrême-Orient et l’Océanie, et le Moyen-Orient.

Cérémonie d’ouverture

Des allocutions ministérielles ont été prononcées par des ministres d’Égypte, d’Inde, d’Italie, du Paraguay, des États-Unis, ainsi que par S.E. Aly Saleh Diop (Ministre de l’Elevage et de la production animale) du Sénégal. Il a souligné l’importance d’investir dans la résilience des Services Vétérinaires, qui sont en constante évolution en raison du changement climatique et des interactions toujours plus nombreuses entre les hommes, les animaux et les écosystèmes

Dr Jean-Philippe Dop, Directeur-général adjoint

Dr Gideon Bruckner, lors de la cérémonie de remise des prix qui s’est tenue à Cape Town (Le Cap), au début du mois de mai 2022. 

Il a également rappelé à l’Assemblée les contributions des Services Vétérinaires pendant la pandémie pour lutter contre les maladies animales, notamment par la vaccination. Il a mentionné l’importance de renforcer les capacités des Services Vétérinaires et des laboratoires pour le diagnostic des maladies animales.

Au cours de la cérémonie d’ouverture, le Président de l’Assemblée Mondiale, le Dr Hugo Federico Idoyaga Benitéz (Paraguay), et la Directrice générale, le Dr Monique Eloit, ont officiellement reconnu les réalisations de quatre lauréats et salué le rôle primordial que ces personnes ont joué dans le domaine de la santé animale et de la santé publique, ce qui nous a permis d’œuvrer pour un monde plus sain et plus durable. Parmi eux, il y a la médaille d’or décernée au Dr Gideon Bruckner (Afrique du Sud) en reconnaissance de ses services exceptionnels dans le domaine des sciences vétérinaires et de sa contribution au développement scientifique et technologique des activités de l’Organisation.

La Directrice générale a soulignée – parmi toutes les activités mentionnées dans son discours – les réalisations clés atteintes en 2021 telles que :

  • une nouvelle version du Système mondial d’information zoosanitaire de l’OIE (OIE-WAHIS) a été lancée, ce qui a entraîné un nombre sans précédent de notifications immédiates et de soumissions de rapports de suivi en 2021 ;
  • la phase pilote de l’Observatoire a été achevée et une série de prototypes a été développée avec un ensemble d’indicateurs pour aider à surveiller l’adhésion des Membres aux normes de l’OIE ;
  • la numérisation progressive des composantes du Processus PVS ;
  • l’opérationnalisation de la Plateforme pour la formation des Services Vétérinaires afin de fournir une formation continue aux Membres en utilisant un cadre de collaboration innovant impliquant le réseau des Centres de collaboration sur la formation et l’éducation ;
  • les méthodes d’estimation du fardeau économique des maladies animales aux niveaux national et mondial (le programme Global Burden of Animal Diseases ou GBAD) ;
  • répondre aux besoins des Membres pour mieux gérer les risques liés aux maladies émergentes à l’interface entre l’homme, l’animal et les écosystèmes, par le biais du Cadre de l’OIE en faveur de la santé de la faune sauvage.

Enfin, et toujours en 2021, la première Stratégie mondiale pour la santé des animaux aquatiques a été lancée. Ce programme ambitieux fixe des priorités pour des actions collaboratives visant à améliorer la santé et le bien-être des animaux aquatiques dans le monde entier, et à réaliser pleinement le potentiel de production d’animaux aquatiques.

La Dre Monique Eloit, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale 

 

 

 

Thème technique : Engagement de l’OIE et des Services Vétérinaires dans les systèmes de gestion d’urgences aux niveaux mondial, régional et national (Rapporteur: Dr Matthew Stone, Nouvelle Zélande)

Le Dr Matthew Stone a présenté les grandes lignes du document préparé pour l’Assemblée Mondiale, soulignant le contexte mondial actuel et les systèmes de gestion des urgences en identifiant et caractérisant les menaces, ainsi que les approches et outils de planification.

Sa contribution a présenté les disciplines de la gestion des urgences, ainsi que les programmes et services élargies de l’OIE, destinés aux Membres, afin de développer les capacités de gestion des urgences et de définir les orientations futures. Le Dr Stone a notamment souligné le rôle central que jouent les Services Vétérinaires dans la gestion des urgences, en particulier en matière de santé animale et de santé publique vétérinaire, mais aussi en réponse à des catastrophes plus générales qui ont des répercussions en cascade. Tout en énumérant certaines des lacunes au niveau international et les défis en matière de ressources auxquels sont confrontés les Membres de l’OIE, il a souligné le rapport coût-bénéfice de l’investissement dans les systèmes de gestion des urgences.

Dr Roland Dlamini, Délégué OIE de l’Eswatini et Membre du Conseil OIE pendant le rapport sur l’exercice d’audit interne. 

Normes zoo-sanitaires

Les Délégués de l’OIE ont adopté et révisé un certain nombre de normes internationales (y compris de nouveaux chapitres) pour les maladies des animaux terrestres et aquatiques et, en résumé, un total de :

  • 14 chapitres du Code terrestre de l’OIE ont été révisés et adoptés
  • 19 chapitres du Manuel terrestre de l’OIE ont été révisés et adoptés (dont 2 nouveaux chapitres),
  • 12 chapitres du Code aquatique de l’OIE ont été révisés et adoptés (y compris 1 nouveau chapitre)
  •   5 chapitres du Manuel aquatique ont été révisés et adoptés.

Adoption de nouvelles normes de santé et de bien-être des animaux terrestres

Le Président de la Commission du Code terrestre, le Dr Etienne Bonbon (France), a présenté le programme de travail réalisé depuis la précédente Session Générale (de 2021) et a soumis un certain nombre de normes révisées et nouvelles pour approbation à l’Assemblée Mondiale des Délégués. Plusieurs définitions et chapitres ont été révisés et adoptés afin d’améliorer la mise en œuvre de ces recommandations par les pays Membres. En ce qui concerne les définitions, il convient de souligner les modifications apportées aux termes “Autorité Compétente”, “Autorité Vétérinaire” et “Services Vétérinaires” qui seront reflétées dans le glossaire révisé du Code terrestre 2022 qui sera publié vers le mois d’août 2022. Parmi les chapitres révisés et adoptés, on peut souligner la révision de la norme sur la gestion des populations canines (chapitre 7.7, anciennement “contrôle des populations de chiens errants”) qui a été mise à jour, afin de couvrir tous les chiens, qu’ils soient sous le contrôle d’un propriétaire ou non, dans le but d’aider les pays à atteindre une meilleure couverture vaccinale des populations canines. D’autres chapitres ont été mis à jour, comme par exemple ceux relatifs à la “Qualité des services vétérinaires”, à la “Législation vétérinaire”, à “l’Infection par le virus de la peste bovine”, aux “Zoonoses transmissibles par les primates non-humains”, et à “l’infection par Echinococcus granulosus”, afin d’être conformes aux dernières données scientifiques et aux demandes des pays Membres.

En ce qui concerne le Manuel terrestre, certaines révisions modérées ou importantes (ou de nouveaux chapitres), pertinentes pour l’Afrique sont liées aux points suivants :

  • Brucellose (infection par Brucella abortus, B. melitensis, B. suis) – avec une description actualisée de la maladie et des aspects techniques de certains des tests de diagnostic, ainsi que des informations supplémentaires sur la maladie chez les chameaux et la faune sauvage;
  • Un nouveau chapitre très complet sur la tuberculose des mammifères (infection par le complexe Mycobacterium tuberculosis) qui remplace le chapitre sur la tuberculose bovine (2009) et qui élargit le champ d’application en incluant des informations spécifiques sur les bovins, les caprins et les camélidés ;
  • L’acarapisose des abeilles mellifères (infestation des abeilles mellifères par Acarapis woodi) qui a fait l’objet d’une révision approfondie (la dernière mise à jour date de 2008) qui a notamment intégré une section entièrement mise à jour sur les tests de diagnostic, y compris l’ajout d’une nouvelle section sur la PCR conventionnelle et en temps réel ;
  • Les maladies bunyavirales des animaux (à l’exclusion de la fièvre de la vallée du Rift et de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo) pour lesquelles une mise à jour de la taxonomie et des informations sur ces virus sont fournies : le virus de Schmallenberg, le virus de la maladie ovine de Nairobi, le virus de la vallée de la Cache et le virus Akabane ;
  • Un nouveau chapitre sur la theilériose chez les ovins et les caprins (infection par Theileria lestoquardi, T. luwenshuni et uilenbergi).

Adoption de nouvelles normes de santé et de bien-être des animaux aquatiques

Le Président de la Commission des normes sanitaires pour les animaux aquatiques, le Dr Ingo Ernst (Australie), a souligné dans sa présentation toutes les activités menées par la Commission au cours de l’année et a donné un aperçu des textes proposés pour adoption. A noter que les définitions du Code aquatique en matière de surveillance ont été révisées pour ce qui concerne les “conditions de base de biosécurité”, “plan de biosécurité”, “système de détection précoce” et “surveillance passive” (nouvelle définition).

 

 

Étang à poissons de petits exploitants dans la région côtière de la Tanzanie. Photo (c) P. Bastiaensen (oie) 2018 

Une nouvelle maladie (infection par le virus du tilapia lacustre ou TiLV) a été listée par l’OIE sur base des critères du chapitre 1.3 du Code aquatique. Des changements importants ont été introduits dans les approches visant à démontrer l’absence de maladie par une révision substantielle du chapitre 1.4 (surveillance de la santé des animaux aquatiques) et des articles modèles pour démontrer l’absence de maladie pour les chapitres spécifiques du Code aquatique. En particulier, l’Assemblée Mondiale des Délégués a adopté une version révisée de la norme sur la surveillance des maladies des animaux aquatiques, dans le but de guider les Membres dans le processus d’auto-déclaration de l’absence d’une maladie des animaux aquatiques, en utilisant des preuves solides, ainsi que d’améliorer la surveillance des maladies des animaux aquatiques conformément à la Stratégie mondiale de l’OIE pour la santé des animaux aquatiques lancée en 2021.

Activités du groupe de travail sur la faune sauvage

Grâce à une liaison vidéo en direct, le Dr William B. Karesh, Président du Groupe de travail sur la faune sauvage, a présenté les points forts des activités du Groupe de travail au cours des 12 derniers mois. Afin de soutenir la mission de transparence de l’OIE, le Groupe de travail a discuté de la manière d’améliorer la qualité des données et l’utilité des rapports sur les maladies de la faune sauvage au niveau international, tout en reconnaissant que cela doit être soutenu par la surveillance des maladies de la faune sauvage au niveau national. Le groupe de travail a accepté d’aligner son travail et sa mission sur le Cadre de l’OIE en faveur de la santé de la faune sauvage et s’est félicité d’être un organe consultatif au sein de l’entité de gouvernance de ce Cadre.

 

Le Dr Honore Nlemba Mabela, Délégué OIE de la République Démocratique du Congo et Président de la Commission Régionale OIE pour l’Afrique. 

Activités du groupe de travail sur la résistance aux antimicrobiens

La Présidente du groupe de travail sur la résistance aux antimicrobiens, la Dre Tomoko Ishibashi (Japon), a présenté les activités du groupe et a informé les membres des recommandations du groupe inter-agences de coordination (Interagency Coordination Group, IACG) concernant la gouvernance de la résistance aux antimicrobiens (RAM). La présentation a également mis en évidence les résultats préliminaires du 6ème rapport annuel de l’OIE sur l’utilisation des antimicrobiens (UAM) et le lancement de la base de données OIE UAM (ANIMUSE) qui permettra l’intégration de données sur l’AMU avec celles sur la RAM par le biais du Système intégré quadripartite de surveillance et d’utilisation des antimicrobiens (Quadripartite Integrated System for Surveillance and Antimicrobial Use, QISSA) et contribuera à donner aux pays membres les moyens d’utiliser leurs propres données et de réaliser leurs propres analyses.

Les pays Membres se sont félicités de l’élargissement et de l’inclusion des éléments environnementaux dans les efforts de lutte contre la RAM et de la contribution à la mise en œuvre de l’approche “Une Seule Santé”.

Le Dr Botlhe Michael Modisane, Délégué OIE de l’Afrique du Sud et ancien Président de l’Assemblée Mondiale.

 

 

 

Statuts zoo-sanitaires

L’Assemblée Mondiale de l’OIE a approuvée un total de 6 nouveaux statuts zoo-sanitaires officiels et deux validations de programmes officiels de lutte contre les maladies. Pour l’Afrique, il faut souligner l’approbation par l’OIE des programmes officiels de lutte contre la fièvre aphteuse au Botswana et contre la PPCB en Zambie.

Reconnaissance de centres de référence

11 nouveaux Centres de référence ont été reconnus par l’Assemblée Mondiale. Ces nouvelles reconnaissances portent le nombre total à 334 Centres de référence situés dans 47 pays.

Accords internationaux

Trois nouveaux accords de coopération ont été signés par l’OIE pour répondre plus efficacement aux défis de la santé mondiale, notamment le protocole d’accord (Memorandum of Understanding) approuvé et signé entre l’OIE et le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) dont le siège est basé à Nairobi (au Kenya).

Nouvelle identité de marque

L’Assemblée mondiale a adopté une résolution relative au lancement de sa nouvelle identité de marque, avec un nouveau logo, un nouvel acronyme (OMSA) et une nouvelle présentation en tant qu’autorité mondiale en matière de santé animale, afin de clarifier l’essentiel de son mandat. Les objectifs du changement de marque étaient de faire en sorte que l’objectif et le champ d’action de l’Organisation soient mieux compris par le public à travers le monde entier, que la santé et le bien-être des animaux soient une priorité pour les décideurs, et que les normes et les services soient reconnus et adoptés. La nouvelle marque ne modifie en rien la mission ou le mandat de base de l’Organisation, qui restera plus que jamais vouée à la promotion de la santé et du bien-être des animaux dans le monde.

Tina Shilongo Namibia

La Dre. Albertina Shilongo, Déléguée OIE de la Namibie, élue Vice-Présidente de la Commission Régionale pour l’Afrique

 

Commission Régionale pour l’Afrique

La Commission Régionale de l’OIE pour l’Afrique s’est réunie par vidéoconférence le 16 mai 2022 et la réunion a rassemblé jusqu’à 114 participants, dont des Délégués et observateurs de 31 Membres de la Commission, et des représentants de 13 organisations internationales ou régionales.

La réunion a été présidée par le Dr Honoré Robert N’lemba Mabela, Président de la Commission Régionale de l’OIE pour l’Afrique et Délégué de l’OIE de la République Démocratique du Congo, accompagné du Dr Karim Tounkara, Représentant Régional de l’OIE pour l’Afrique.

Plusieurs thèmes ont été abordés lors de la commission régionale et notamment :

  • La relance du GF-TADs pour l’Afrique ;
  • Le lancement de la stratégie PPR en Afrique et le 70ème anniversaire de l’UA-BIRA ainsi que l’anniversaire des 10 ans depuis l’éradication de la peste bovine ;
  • L’organisation de la 25ème Conférence de la Commission Régionale de l’OIE pour l’Afrique qui se tiendra en février 2023 ;
  • Le système de renforcement des capacités de l’OIE de la nouvelle normalité à un nouvel avenir et donc le dialogue avec les Membres de l’OIE sur le PVS et la formation ;
  • Les obstacles à la mise en œuvre des normes de l’OIE sur les animaux aquatiques, avec les premiers résultats de l’enquête auprès des points focaux nationaux pour les animaux aquatiques.

La Commission Régionale pour l’Afrique a également été mise à jour avec la présentation du nouveau logo et de l’acronyme de l’Organisation (OMSA).

Enfin, après une discussion impliquant tous les Délégués présents à la réunion, la Dre Albertina Shilongo, Déléguée de la Namibie, a été élue, pour une période de deux ans, comme Vice-Présidente de la Commission Régionale, jusqu’à l’élection du prochain mandat de trois ans, qui aura lieu en mai 2024.

 

Ci-dessous : quelques captures d’écran de la réunion de la Commission Régionale de l’OIE pour l’Afrique du 16 mai.

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